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Sortir de la souffrance au travail

Publié le jeudi 16 juin 2022 . 4 min. 31

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Durant le seul mois de Novembre, du jamais vu, pas moins de 4,5 millions d’Américains ont volontairement quitté leur job. La « grande démission » a touché tous les niveaux hiérarchiques, et nomment les CEO, qui participent de ce mouvement qui ne peut nous laisser indifférents. Pour interpréter ce signe indéniable du malaise des salariés, et des cadres, les sciences sociales ont produit de nombreux travaux que l’on pourrait résumer de la matière de la façon suivante :


- D’un côté les managers souffrent parce qu’ils n’ont plus le sentiment de peser sur le cours des choses. Il s’agirait alors de constater une sorte de mise au placard universel, où les fonctions traditionnelles de décision, de planification et de contrôle sont devenues en grande partie automatisées. Les managers s’imaginent être de moins en moins utiles aux systèmes de gestion dont ils sont sensés définir les règles.


- D’un autre côté, en étant ainsi dessaisis d’une partie de leurs prérogatives, ils ont le sentiment de participer, sans nécessairement le vouloir, à la stupidité fonctionnelle des organisations : or, nous le savons tous, les gens ne sont heureux au travail lorsque vous faites appel à leur intelligence. Sans quoi, nous voyons apparaître un phénomène que le sociologue David Graeber a judicieusement nommé le brown-out, un terme de langue anglaise qui fait référence aux appareils électriques qui, pour éviter la surchauffe, sont programmés pour s’attiédir, et devenir inopérants.


En langue française, c’est le psychanalyste Christophe Dejours qui a offert à ces phénomènes un programme de recherche qui s’étend sur plusieurs décennies, fondant du même coup un champ de recherche connu sous le nom de « psychodynamique du travail ». Cette approche originale attache une grande importance à la mobilisation de l’intelligence des individus dans l’exercice de leur métier et aux compromis qu’ils mettent en place pour s’approprier le travail prescrit, de manière à lui donner une utilité et un sens. Travailler c’est en effet se sentir utile à la société mais c’est aussi faire acte d’une maîtrise particulière, se sentir valorisé et accompli pour cette raison. C’est pourquoi il ne faut guère s’étonner qu’il intitule ce dernier opus « Ce qu’il y a de meilleur en nous. Travailler et honorer la vie », où la notion centrale de sublimation, terme proposé par Freud pour évoquer le renoncement à nos pulsions, mérite qu’on s’y arrête. Pour sortir de la souffrance au travail en effet, rien de mieux que la sublimation laquelle peut être présentée selon trois volets distincts (p. 121) :


- Selon Dejours, l’expression de ce que nous avons précisément de meilleur en nous, provient d’abord de la recherche de la qualité et de l’acquisition habiletés particulières dans l’exercice d’un métier. Il emploie l’expression de « travail vivant » pour faire référence à une conception antitaylorienne dans laquelle « l’accroissement de soi » se révèle « dans son étreinte avec la matière à travailler » (p. 46). « Le menuisier caresse-t-il le bois avant de le « travailler », de même le tailleur de pierre avec son caillou, (…) le pianiste avec son instrument, le kinésithérapeute avec le corps du patient » annonce-t-il p. 41. Ce rapport individuel, affectif et corporel, « habité par la vie », qui ne s’éprouve jamais autant que dans « la résistance du réel » (p. 104) est le socle intrasubjectif à partir duquel peut se déployer le génie de l’intelligence et le développement des territoires de la sensibilité. En bref le premier stade de la sublimation passe toujours l’augmentation des pouvoirs du corps.


- En second lieu, la sublimation au travail tient aussi à un mouvement intersubjectif dans lequel la convivialité et les savoir-être à plusieurs tiennent une place décisive.


- Enfin pour Dejours le troisième niveau de sublimation a toujours en quelque mesure un rapport avec la société et la culture. « Le travail vivant et la coopération sont et ont toujours été » écrit-il, « les racines nourricières de la culture et de la civilisation » (p. 167).


Dans une période où seulement seuls 15% des employés se déclarent vraiment engagés dans leur travail, selon les derniers résultats de l’étude Gallup ‘State of the Global Workplace’, cette réflexion importante issue des sciences sociales ne doit pas laisser les employeurs insensibles. Pour faire face au réel du travail où rien ne se passe jamais comme prévu, un client qui ne confirme pas sa commande, un programme de recherche qui ne débouche sur rien, un recrutement manqué, il faut donc parier contre les mécanismes antisublimatoires décrits dans le livre. Et miser encore et toujours, pour éviter d’être tenté par la position du démissionnaire, sur la supériorité de l’intelligence, de la convivialité et de la culture.


D'APRÈS LE LIVRE :

Ce qu’il y a de meilleur en nous, Travailler et honorer la vie

Ce qu’il y a de meilleur en nous, Travailler et honorer la vie

Auteur : Christophe Dejours
Date de parution : 06/10/2021
Éditeur : Payot
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