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Dans une certaine conception des sciences dites du management, le déni du réel du travail s’est fortement installé par le truchement d’une spécialisation sans cesse plus poussée et du mythe de la solution qui n’est rien d’autre que la conséquence d’une vision de l’entreprise circonscrite à la « cuisine » donc aux recettes. Ce n’est donc pas pour rien que des auteurs importants dans ce domaine comme Barley et Kunda appelaient de leurs vœux, il y a plus de 20 ans, au retour du travail.
Il n’est donc pas étonnant qu’une telle discipline produise des résultats mais à quel prix ! Dès les années 1970, Henri Hartung, ancien patron et penseur qualifiait cette discipline, dans son ouvrage « ces princes du management » de « philosophie inspirée par la conjoncture » ou encore plus récemment Jean-claude Liaudet qui la voyait comme une « technique de pouvoir du propriétaire ».


En effet, un des péchés originels d’une partie des sciences du management est l’oubli de la personne avec le mythe du tout commensurable. La personne disait Emmanuel Mounier, philosophe, fondateur de la revue Esprit, c’est « ce qui ne peut être répété deux fois ». Mounier fait partie de ces penseurs, peu voire pas du tout mobilisés en management. Je le regrette car la doctrine personnaliste dont il a été le promoteur, pourrait éclairer certains angles morts du management moderne notamment l’impossibilité de mobiliser des théories managériales valables et efficaces dans le temps en oubliant la « personne ». En effet, « l’organisation et l’idéologie, disait Mounier, si elles font fi de l’absolu personnel, tournent comme la passion, à la police, à la cruauté et à la guerre ». C’est pourquoi, « toute action dit-il, n’est pas un acte ».


Une action n’est valable et efficace pour Mounier « que si d’abord elle a pris mesure de la vérité qui lui donne son sens et de la situation historique, qui lui donne son échelle en même temps que ses conditions de réalisation ».


Dans le monde des enjambeurs du réel, du problem solving et du mythe de la solution, c’est un truisme de dire que les actions ne répondent que rarement à ces deux conditions fondamentales.  C’est d’ailleurs pour cela que Georges Canguillem préfaçant l’ouvrage issu de la thèse de doctorat de Yves Schwartz nous mettait en garde, je cite : « Lorsqu’on entre dans le travail par la seule technicité, on n’a plus d’autres choix que de parler des hommes par les choses ». Parler aux Hommes par les choses, c’est penser que l’entreprise est simplement un ensemble de problèmes à résoudre et que les outils de gestion peuvent tout. Nous oublions par exemple que ces derniers bornent le champ des possibles alors que le travailleur déploie une intelligence de situation et des compétences qui dépassent toujours ce qui est inscrit dans l’outil et ce, y compris dans les organisations où le travail est le plus strictement corseté (ex. aviation, centrales nucléaires…). Ce dépassement a été analysé de longue date - par les ergonomes notamment - comme l’écart fondamental entre travail prescrit (par les outils) et travail réel.


Ainsi, dans le management délesté de la personne, pensé uniquement par le prisme des outils et les recettes pour une hypothétique répétabilité dans un monde par excellence des dits « plans d’actions », l’éclairage de Mounier nous donne à voir, au moins en partie, les difficultés et les limites de l’action managériale qui ne repose ni sur la vérité des situations de travail ni sur une connaissance du contexte historico-socio-culturel de ces mêmes situations de travail.


On comprend donc aisément pourquoi des actions basées sur théories managériales hors sol, qui nient le pouvoir d’agir de la personne et le caractère essentiel du contexte, sont souvent catastrophiques non seulement sur le plan humain avec les maux du travail (et l’impact négatif sur la performance économique) mais aussi sur le plan sociétal. D’ailleurs, des chercheurs commencent à voir des corrélations entre le mauvais management dans les entreprises et les votes de contestation ou les forts taux d’abstention.


L’oubli de la personne n’est pas donc simplement un drame managérial, c’est un drame politique car nous nous le dit le poète Antonin Artaud: « sans puissance d'expansion, sans une certaine domination sur les choses, la vie est indéfendable ». Oui, la vie est défendue indéfendable pour beaucoup de français. Les récentes élections en France ont mis en exergue cet état des choses.


A défaut d’un retour de la personne, l’Homme restera esclave de ses créations dans l’entreprise et donc dans la société ; « l’illusion sera sa patrie » pour reprendre la célèbre expression Saint-Just. Et on le sait, l’illusion coûte toujours très cher malgré les apparences.


Publié le jeudi 24 octobre 2024 . 5 min. 12

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