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Sur les réseaux sociaux comme dans la vraie vie, nombreux sont les sportifs de haut niveau qui distillent leurs conseils en matière de travail, de leadership ou de management. Ils en ont parfaitement le droit en tant que citoyens.

Mais prétendre que le sport de haut niveau constitue un modèle universel voire le modèle pour penser le travail ordinaire ou le management relève, disons-le clairement, d’un contresens profond, voire d’un crime contre l’esprit.

Car si l’on gratte sous les apparences, performance, discipline, effort, dépassement de soi, il devient très difficile de trouver un lien structurant entre le quotidien d’un sportif professionnel et celui d’une secrétaire, d’un ingénieur en production, d’un aide-soignant ou d’un professeur de collège.

On ne travaille pas pour battre un record personnel, mais pour faire tenir ensemble des contraintes, des finalités, des rapports humains, des normes, des outils, du sens. Le sport vise la victoire, la gloire, le podium. Le travail, lui, vise l'utilité, la continuité, la contribution au collectif.

Le travail dans la réalité des situations que nous connaissons dans nos entreprises c’est-à-dire le travail professionnel ordinaire exercé dans le cadre d’un contrat de travail, avec une rémunération et une subordination juridique, obéit donc à des logiques autres qu’une simple quête de la performance comme moyen et comme fin.

La femme et l’homme au travail recherchent une harmonie entre l’objectif à atteindre, l’énergie qu’ils déploient, les ressources qu’ils mobilisent, l’impact subjectif, la fatigue de l’esprit et du corps et la reconnaissance qu’ils y recherchent. Cette harmonie est souvent loin d’être atteinte, loin s’en faut mais cette quête représente la raison d’être de beaucoup de disciplines dans les sciences humaines et sociales (ergonomie, clinique du travail et de l’activité etc…). Ces disciplines, avec leurs milliers de chercheurs travaillent sur cette quête depuis des décennies en toute humilité.

 Comparer le travail du sportif de haut niveau à celui de l’homme ordinaire au travail n’a donc que peu de sens : la différence n’est pas simplement de degré, mais de nature. Il ne s’agit pas d’un écart quantitatif, d’intensité, de performance ou d’engagement mais d’un rapport totalement différent au corps, au temps, à la finalité du geste.

C’est ce que Robert Musil dénonçait, sur un autre registre, en raillant ceux qui classent indistinctement dans la catégorie des « quadrupèdes » les chiens, les chaises, les tables et les équations du quatrième degré. L’analogie devient grotesque quand elle ignore les logiques propres à chaque réalité.

Alors, chefs d’entreprises, lors de vos grandes messes annuelles, vous pouvez bien sûr inviter des sportifs de haut niveau. Mais sachez que la seule véritable valeur ajoutée de leur intervention sera de vous raconter leur sport, leur trajectoire, les épreuves qu’ils ont traversées et l’état d’esprit qui a fait d’eux des champions.

Pour reprendre un mot à la mode, on dira qu’ils peuvent inspirer – du latin inspirare, qui signifie « souffler dans » : il s’agit donc de donner du souffle, de réveiller une énergie, une envie, un élan.

Très bien. Mais n’en tirez pas des enseignements hâtifs, ni des modèles prétendument transposables à la conduite du travail ordinaire car entre un vestiaire et un atelier, un podium et un service hospitalier, un paddock et une salle de professeurs, il y a tout un monde de différences.

Les parcours de vie, quels qu’ils soient, peuvent aider à faire un pas de côté, à interroger nos évidences, à déplacer le regard sur le réel.

À ce titre, vous pourriez aussi inviter un menuisier, un jardinier, un marin-pêcheur, un instituteur ou un poète. Ce sera sans doute moins glamour, mais peut-être y trouverez-vous une vérité plus profonde sur la patience, la matière, l’engagement ou le sens du travail bien fait.


Publié le jeudi 03 juillet 2025 . 4 min. 45

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