Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
IQSOG
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?


Conflit intérieur : apprendre à négocier avec soi-même

Publié le vendredi 6 décembre 2019 . 6 min. 02

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Nous nous trouvons souvent dans des situations de choix où nous avons à négocier avec nous-même. Nous avons tous les tenants et les aboutissants de la prise de décision mais les Pour et les Contre semblent constamment s’annuler. Nous passons du « OUI, j’y vais ! » au « NON ce n’est pas possible », et vice versa, de façon quasi frénétique.


Prenons plusieurs situations courantes : « j’ai décidé d’arrêter de fumer, mais là, j’ai trop envie d’une cigarette, rien qu’une petite, alors que je sais que je vais replonger », ou bien « J’avais prévu de voter pour ce candidat réformateur mais j’ai peur de ce que cela va remettre en cause pour moi », ou bien : « J’ai promis d’aller à ce diner de travail, mais je n’ai qu’une envie, c’est de rester sur mon canapé devant la télé «  ou bien « J’ai trop envie de ce blouson, mais son prix va complètement grever mon budget »….


Et là, il faut prendre une décision en quelques minutes, FACE A SOI-MÊME.


Que se passe-t-il dans ces quelques secondes ? Quels sont les scénarios possibles ? Quels sont les mécanismes à l’œuvre ?
Nous entrons dans ce que les experts nomment la négociation intime (1), entre notre « moi social » c’est-à-dire « l’intériorisation de l’attitude des autres envers nous et la façon dont nous nous efforçons de répondre à leurs attentes », et notre « je » qui entre en réaction avec ce moi-social.


- Le moi social se construit, argumente, négocie dans le contexte d’une action dont nous serons redevables aux autres. Nous devrons en rendre compte à nos enfants, nos parents, nos amis, nos élèves, nos clients …. voire à la société en général dans le cadre d’un vote.


Walser (2) écrit que notre moi est un « cercle élargi et surpeuplé », car, dans ces instants, nous convoquons tous nos rôles sociaux. Nous devons décider comme père, comme fille, comme élu, comme professionnel …


Or, nos différents rôles sociaux entrent souvent en conflits, et il nous faut accepter cette négociation intime pour faire des choix parfois impossibles.


Prenons des exemples : tel sexagénaire s’affiche pour un parti politique mais dans l’isoloir, il va renoncer à son vote car il a peur pour lui-même des réformes annoncées, l’achat du blouson très cher va nous amener à « convoquer » virtuellement notre mère qui va nous dire que « ce n’est pas raisonnable », reprendre la cigarette c’est savoir qu’on ne va plus être le parent exemplaire vis-à-vis de ses enfants …

- Le « je » c’est notre identité de personne unique. Le pouvoir de dire «je » que propose Kant, permet à l’homme de se penser lui-même et de s’interroger sur la nature et la valeur de ses actes.


Cette capacité à dire « je » et se penser soi-même confère à l’homme sa dignité, c’est-à-dire qu’il ne se contente pas de répondre à ses besoins et ses envies, mais à conduire sa vie et à donner du sens à ses actions. Pour cela, il est capable de générosité, de courage. Il a le sens de la justice et le respect des valeurs morales. Il agit « en conscience ».


Par ce « je », l’homme démontre qu’il est libre de ses choix et de ses actes.


Ceci implique qu’il en sera aussi responsable comme de leurs conséquences aussi lointaines soient-elles.

Comment faire négocier le « moi social » et le « je » ?


Il nous faut alors « monter sur le balcon » comme on dit au théâtre pour regarder la scène de loin, pour avoir du recul et reprendre le contrôle de la situation.


Il faut nous regarder comme autrui nous regarderait, nous projeter aussi dans le futur proche et l’avenir lointain, en examinant les conséquences de notre choix.


Il nous faut accepter de construire un accommodement entre notre « je » et notre » moi social » dans un souci d’action et de nécessité pratique. Il va nous falloir cheminer sur la voie étroite entre conformisme social qui nous interdirait toute décision propre et choix centré sur notre conscience, car nous sommes libres et que nous vivons en société.


Enfin, dans un choix intime, il y a aussi des émotions et des sentiments, que nous cherchons à anticiper, et entre lesquels nous essaierons d’arbitrer. Quels sont les principaux ?


Le plaisir, la culpabilité, la fierté et le regret, sachant que chacun de ces sentiments le disputera à un autre.
On peut ainsi se faire plaisir sur le moment (« Je la fume cette cigarette ») et le regretter ou en être peu fier ensuite. On peut être fier d’avoir su résister à un geste qui nous aurait fait plaisir sur le moment, mais qui aurait été néfaste par la suite (« Je n’ai pas acheté ce blouson hors de prix »). On peut aussi être fier de son choix sur le moment et se sentir coupable après, au moment des résultats finaux par exemple (« Je n’aurais pas dû voter blanc »).

Négocier avec soi-même, c’est ne pas hésiter pendant ces quelques dizaines de secondes à tout mettre sur la table, c’est se jeter à la face tous ses arguments et ses sentiments.


Pourquoi cette nécessaire prise de conscience d’un mécanisme qui ne va parfois durer que quelques secondes ?

- Pour n’avoir ni remord ni regret,
- pour assumer pleinement son choix et être en phase avec soi-même,
- pour être digne et responsable.

(1) Je citerais en particulier le livre de Christian Thuderoz, socioloque expert de la négociation : « Qu’est-ce que négocier ? Sociologie du compromis et de l’action réciproque » Presses Universitaires de Rennes, 2010
(2) Michaël Walser « Guerres justes et injustes », Editions Belin, 1999


x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :