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Mal nommer les choses : la dérive de mots

Publié le lundi 25 avril 2022 . 4 min. 39

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"Mal nommer les choses ajoute au malheur du monde" disait Camus. Et Socrate disait un peu la même chose quatre siècles avant Jésus-Christ. Et dernièrement Geoffroy de Vries a sorti un bouquin qui s'appelle "Le hold-up des mots". Tout ça c'est un peu la même idée me direz-vous alors à quoi bon en parler maintenant si c'est vieux comme le monde. Parce qu’il y a un peu urgence, il y a quelques années on riait beaucoup du mal nommer les choses, quand l'éducation nationale parlait de d'élément rebondissant pour définir un ballon. Aujourd'hui en entreprise on se comprend de moins en moins bien, parce que le choix des mots n'est plus tout à fait juste, parce que les mots n'ont pas les mêmes concepts sous-jacents pour beaucoup de gens. Donc on a une capacité à discuter et à échanger qui est plus en plus fragile.

Alors pourquoi on en arrive là ? Ne pas bien nommer les choses. Il y a deux raisons : il y a probablement une raison de fond et un peu sociétal comme on dit maintenant, même si ce mot est un peu particulier, qui est "les jeunes générations lisent de moins en moins". Et donc on arrive à avoir des collaborateurs qui eux-mêmes ont de moins en moins de choix dans les mots et qui sont de plus en plus approximatifs dans le choix du bon mot, du mot juste. Ça c'est un phénomène fort, et c'est vrai qu'on finit par dire cartographie quand on veut dire liste, on finit par dire définition, élaboration ou construction d'un business plan alors que ce n'est pas du tout la même chose. et tout ça se confond, on finit même par dire efficience à qui mieux mieux alors qu'une fois sur deux on voulait dire efficacité. La deuxième raison est un peu perverse si je me permets cette expression, elle est perverse dans la mesure où c'est une fausse tolérance apparente, on pardonne la mauvaise expression. Il n'y a pas mort d'homme, c'est pas si grave, de toute façon on s'est compris, donc tout ça est bel et bon bien sûr mais c'est grave de cacher la mauvaise expression parce que in fine et il va y avoir des risques importants, des risques néfastes pour l'entreprise.

De manière tout à fait mécanique la première conséquence néfaste c'est qu'on met beaucoup plus de temps à se comprendre que si on parlait la même chose avec les mêmes mots si vous voulez. Donc ça fait des ateliers de travail, des workshops et tout ce que vous voulez, qui durent plus longtemps que prévu parce qu'on fait des circonlocutions dans tous les sens pour arriver à se convaincre. Ce sont des échanges de mails qui durent et qui durent parce que le mail d'origine était mal exprimé avec le mauvais mot pour la mauvaise chose etc. L'alourdissement du travail vient beaucoup du fait qu'on n'utilise pas les bons mots pour les bonnes choses et qu'on ne s'exprime pas correctement au sens du bon mot, du bon verbe, dans une bonne phrase. La deuxième chose c'est que c'est source d'erreurs, c'est clair que dans une expression de besoins, un cahier des charges, comme dans un plan stratégique, il faut être précis, et le précis renvoie clairement à des mots qui ont des concepts clairs pour tout le monde et partagés par tous.

Et le troisième sujet, la troisième conséquence néfaste possible, c'est évidemment les conflits au sein des équipes parce que in fine on pense qu'on s'est compris et ce n'est pas le cas. Et la phrase typique des conflits parce qu'on ne s'est pas bien compris et avec des mots qui ne veulent pas dire la même chose pour les uns et les autres c'est : mais tu ne m'as pas compris et pourtant tu avais été d'accord avec moi. On a le résumé du conflit potentiel parce qu'on a mal nommé les choses. Alors ça c'est un peu le premier niveau, après vous avez deux choses qui sont un peu importantes pour nous qui sommes consultants : la première c'est de fuir, d'avoir une fuite en avant de cette rigueur et de ces exigences sur le choix des mots en inventant des méthodes. Pour faire court je vais prendre une illustration simple, j'ai lu la semaine dernière qu'il y avait des scrum de scrum de scrum, qui renvoient à une méthode connue. Ce n'est pas possible. On ne va pas inventer des méthodes, inventer des mots, inventer des concepts, pour remplacer des mots qui existent déjà, pour remplacer des concepts qui existent déjà, mais qui pour autant ne sont pas partagés au même moment par toutes les personnes autour de la table. Il faut réhabiliter cette rigueur et cette exigence.

Vous avez une deuxième conséquence sur les appels d'offres et la relation avec les services achats : d'un côté on a de moins en moins de contacts avec les services fournisseurs pour passer leurs commandes, mais d'un autre côté les appels d'offres sont de moins en moins clairs, on a de plus en plus de phrases avec des verbes à l'infinitif ce qui fait qu'on ne sait pas très bien qui fait quoi et on a de plus en plus de phrases du reste qui n'ont pas de verbe ce qui rend les choses un peu compliquées pour répondre aux appels d'offres. Bref il est urgent, non pas de bien parler au sens balzacien du terme, mais il est urgent que tout le monde repartage les mêmes concepts pour les mêmes mots.

En économie l'argent c'est la monnaie d'échange comme on dit entre les biens et les services. Entre les individus la monnaie d'échange c'est le langage, il faut que nous acceptions d'avoir les mêmes mots qui veulent dire les mêmes choses pour avoir moins de conflits, pour être plus efficace et mieux profiter de la vie professionnelle.


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