On a longtemps cru que les freelances incarnaient le futur du travail : indépendants, experts, libres de leurs choix. Ils ont profité à plein de la transformation numérique et du besoin croissant de flexibilité dans les entreprises. Pendant des années, leur nombre a explosé. Mais depuis 2024, la mécanique s’est grippée. La conjoncture économique s’est détériorée, les investissements ralentissent, et l’indépendance devient plus incertaine.
Le marché se tend, les profils plus sélectifs
Selon l’étude Xerfi de mars 2025, le marché du freelancing a connu un net repli. Les entreprises réduisent leurs dépenses externes, les missions sont moins nombreuses, souvent plus courtes, et les exigences montent. Les plateformes de mise en relation ne font plus dans la quantité : elles cherchent les profils les plus solides, les plus spécialisés. Les autres — jeunes, généralistes, polyvalents — peinent à tirer leur épingle du jeu. La promesse initiale d’un accès ouvert au travail indépendant se referme.
L’IA s’invite dans l’équation
À ce contexte tendu s’ajoute un phénomène de fond : l’essor de l’intelligence artificielle. Des pans entiers de l’activité freelance sont désormais partiellement automatisables. Rédaction, synthèses, traduction, création graphique, animation de contenus et surtout analyse… les outils numériques prennent le relais. Cela ne supprime pas tous les besoins, mais cela les transforme. Les clients attendent autre chose : plus d’expertise, plus de conseil, plus de stratégie. L’IA pousse les freelances à se repositionner, parfois à toute vitesse. Mais à condition d’avoir le talent indispensable.
Le retour vers la sécurité
Dans ce climat, de nombreux indépendants s’interrogent. Le salariat, hier encore jugé rigide, contraignant voire dépassé, redevient attirant. Revenu stable, protection sociale, continuité professionnelle : la sécurité retrouve de la valeur. Le nombre de freelances continue d’augmenter, mais beaucoup plus lentement : 2 % par an en moyenne jusqu’en 2027, contre 5 % les années précédentes. C’est un signal fort.
Une muitation révélatrice
Le ralentissement de l’activité et la montée de l’IA ne détruiront pas le freelancing.
Mais il en redessine les contours et en durcit les conditions de survie. Le modèle ne disparaît pas : il se recentre sur des niches à forte expertise et technicité, là où la valeur reste incontestable et solvable. Partout ailleurs, il s’érode, concurrencé par des outils plus rapides, moins coûteux, ou par une ré-internalisation des savoir-faire. Le freelancing risque de devenir devient un marché plus sélectif qu’expansif, un outil d’appoint et ponctuel plutôt qu’une alternative de masse.
Publié le vendredi 13 juin 2025 . 3 min. 06
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