Le choc du Covid-19 va obliger les courtiers en crédit à se réinventer encore plus rapidement. Car le repli inévitable de leur activité en 2020, dans le sillage de la contraction prévue du nombre de transactions immobilières, s’inscrit dans un contexte pour le moins tendu avec les banques. En effet, certaines d’entre elles avaient déjà annoncé la fin de leur collaboration avec les courtiers afin de reprendre la main sur la relation client et d’endiguer l’érosion de leurs marges d’intérêt. Une situation qui pourrait bien aboutir à une plus grande concentration de ces intermédiaires. D’autant que ce secteur a jusqu’ici été aussi très atomisé, avec près de 6 700 intermédiaires en opérations de banque fin 2018, une population en progression de 8,5% par an. Si de nombreux nouveaux entrants se sont pressés ces derniers années dans le courtage de crédits comme MonEmprunt.com, Swifti ou encore la fintech Pretto, deux géants se dressent face à eux : il s’agit de Meilleurtaux.com et Cafpi qui réaliseraient à eux seuls un quart des crédits produits en France.
Comme je le disais, la concentration va à coup sûr s’accélérer avec la reprise en main du marché des crédits à l’habitat par les banques. Les grands réseaux de courtage doivent en effet gagner en taille pour faire le poids dans les négociations avec les établissements bancaires, améliorer leur efficacité opérationnelle, développer leur visibilité auprès des clients et accroître leur potentiel de diversification. Ce mouvement a déjà été amorcé avec l’acquisition par Artemis Courtage de Ludax Courtage en 2017, puis d’Activa Courtage en 2019 ; citons aussi la constitution de la Cie européenne de crédit suite au rachat d'Empruntis auprès de Covéa en 2015, puis d'Immoprêt en 2016, suivi d’ACE Crédit en 2017. Dans ces opérations de consolidation, les fonds d’investissements jouent un rôle essentiel.
Ces rapprochements apparaissent d’autant plus indispensables qu’elles vont donner les moyens aux courtiers de se réinventer et trouver de nouvelles sources de revenus. D’abord en se diversifiant, par exemple dans les prêts aux professionnels. C’est le choix qu’a fait Cafpi en 2019 pour aider les entrepreneurs et TPE qui peinent à trouver des financements pour leurs projets de démarrage ou de développement. Les courtiers vont aussi devoir accélérer sur le front de la digitalisation pour reconquérir les banques, séduire les emprunteurs tout en abaissant leurs coûts de production. MonEmprunt.com a par exemple mis en place un algorithme de matching et un outil de génération automatique de pré-demande de crédit. Le questionnaire algorithmique de Swifti, de son côté, permet à un particulier de savoir en 15 minutes si son projet immobilier est finançable.
Si la transformation digitale est à la portée des grands réseaux et de ceux bénéficiant de l’appui d’investisseurs financiers, les petits cabinets indépendants, les plus nombreux, n’auront sans doute pas les moyens d’investir. Pour éviter la mort, l’adossement à un réseau, par adhésion ou fusion-acquisition, semble dès lors inévitable…
Publié le jeudi 10 septembre 2020 . 3 min. 15
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