Au croisement de la réglementation et de la technologie, les RegTech profitent de fondamentaux idylliques si l’on met de côté l’impact de la crise... L’inflation normative ainsi que l’augmentation des amendes et pénalités infligées par les régulateurs obligent les banques et assureurs à accroître leurs dépenses dans les activités de suivi, de gestion et de mise en conformité. Un terreau fertile pour les RegTech dont la principale promesse repose sur la réduction des coûts de ces missions, aujourd’hui très chronophages. Leurs domaines d’intervention ne manquent pas : amélioration de la connaissance client, aide à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, veille et reporting réglementaire…
Le problème c’est que les RegTech peinent à exister, car les grands groupes bancaires et assureurs, surtout en France, ne les accueillent pas vraiment dans leur écosystème complexe. Ces géants internalisent encore largement le développement de solutions technologiques et restent attachés à leurs systèmes d’information existants. Et puis leur lourdeur bureaucratique allonge la durée des négociations commerciales. Bien sûr, tous les segments de marché ne sont pas logés à la même enseigne. Les domaines de la connaissance du client et de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme apparaissent comme les plus ouverts aux RegTech.
L’avenir de ces start-up technologiques semblent s’inscrire dans une optique d’élargissement de leur offre, avec en filigrane l’idée d’atteindre une « taille critique » pour s’imposer comme un acteur de référence. Cela passe par sa déclinaison en plusieurs produits pour les différents usages des fonctions conformité, comme la vérification de l’identité des clients, le monitoring des transactions, ou la production de reporting réglementaire. Ces start-up travaillent aussi à diversifier leurs débouchés dans la mesure où elles déploient leur technologie aux fonctions ventes et marketing des institutions financières. En somme, ces deux axes montrent que les RegTech cherchent à construire une offre globale. Et pour cela, elles nouent des partenariats, surtout avec des acteurs technologiques types FinTech, qui permettent de mutualiser les solutions et les ressources et de diluer les risques financiers liés à la R&D. Faute de se rapprocher et de s’allier avec les géants de la banque et de l’assurance, les RegTech pourraient bien devenir les cibles d'acteurs de l’écosystème de la conformité. Je pense aux éditeurs de logiciels historiques, cabinets de conseil ou aux fournisseurs de services financiers. Le spécialiste américain de l’identité numérique, ThreatMetrix, a ainsi été acquis pour 830 M$ par l’éditeur de solutions informatiques LexisNexis dans le but de construire une approche complète de la gestion des risques de fraude et d’identité.
Aucun doute, l’univers des RegTech est amené à se structurer pour casser l’image d’une offre encore trop fragmentée et gagner en crédibilité. La crise devrait l’y aider…
Publié le jeudi 1 octobre 2020 . 2 min. 55
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de Philippe Gattet
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