Le marché des crèches privées a jusqu’ici connu un dynamisme hors norme. Sa taille a presque quadruplé depuis 2010 pour se rapprocher des 2 Md€ en 2019. Il a tiré sa croissance de l’explosion des capacités d’accueil sous l’impulsion des nombreux plans « crèches » visant à répondre au déficit chronique des solutions de garde pour les jeunes enfants. Car malgré des politiques familiales en faveur de la petite enfance, la France affiche structurellement moins de 1,5 million de places de garde pour près de 2,5 millions d’enfants de moins de 3 ans. Le marché bénéficie aussi de formidables moteurs socio-démographiques qui alimentent les besoins de garde des parents. Le taux de fécondité en France figure ainsi parmi l’un des plus élevés d’Europe et le taux d’activité des femmes progresse régulièrement.
Le marché des crèches privées semble cependant à un tournant de son histoire. Après avoir durci les critères d’obtention des subventions pour les micro-crèches, le gouvernement a fixé des objectifs de créations bien moins ambitieux. Le dernier plan crèche table sur 30 000 berceaux supplémentaires d’ici 2022, soit un objectif bien en deçà du précédent qui en prévoyait 100 000. S’ajoute à cela l’alourdissement envisagé des normes d’accueil qui pourrait bien faire exploser les coûts d’exploitation et entraîner la disparition des établissements les plus fragiles. De quoi donner un sérieux coup de frein aux projets de construction et brider la croissance des plus grands gestionnaires à court et moyen terme.
Les leaders du secteur vont donc être contraints de repenser leurs stratégies de croissance. À commencer par les rapprochements de grande ampleur qui semble interrompus. Aucune transaction d’envergure n’a été observée dans la profession ces derniers mois alors que les moyens financiers détenus par certains acteurs se révèlent importants. La raison est simple : il n’existe plus aucune cible notable à racheter. Quasiment tous les grands réseaux de crèches sont tombés dans le giron de l’un des 5 grands poids lourds du marché. Encore en 2018, Crèches de France est tombé dans les mains de Crèche Attitude adossé au pôle « petite enfance » du groupe Sodexo. Devenus indétrônables en France compte tenu de leur taille, les leaders des crèches privées vont devoir accélérer à l’international où se situent les gisements de croissance, comme en témoignent les nombreux investissements de Babilou, Grandir et La Maison Bleue. Babilou détient aujourd’hui près de 200 crèches hors de France. Les acteurs s’engouffrent également dans la voie de la diversification. Les p’tits Babadins ou People & Baby se sont récemment lancés dans la distribution de mobiliers pour la petite enfance tandis que Grandir a intégré la filière de la petite enfance.
Publié le jeudi 19 mars 2020 . 3 min. 00
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