Les legaltech françaises n’ont jamais levé autant de fonds. Sur les 10 premiers mois de l’année 2019, 37,7 M€ ont investis dans ces start-up, contre 26,2 M€ sur l’ensemble de l’exercice 2018. Spécialistes du capital-risque et fonds corporate s’imposent dorénavant comme les grands financeurs des fleurons tricolores, comme Doctrine ou LegalStart. Et tandis que les jeunes pousses du droit disposent de plus de moyens pour fortifier leur modèle, professionnels du droit et directions juridiques attendent beaucoup de ces offres innovantes pour engager leur transformation numérique.
Mais déjà, des vents contraires se lèvent. Le capital-investissement a peut-être atteint le point haut du cycle et les investisseurs pourraient devenir beaucoup plus regardants en 2020 quant aux projets financés. Au-delà de l’environnement économique et financier, les legaltech sont aussi soumises à une concurrence plus intense, ouvrant la voie à un processus de consolidation dont seuls sortiront quelques gagnants. Car la compétition se durcit entre legaltech qui sont de plus en plus nombreuses comme en témoigne la dynamique de créations de start-up ces dernières années. Et puis rares sont celles à se distinguer par une technologie ou un positionnement véritablement différenciant, ce qui renforce là-encore les rivalités. À ce propos, Bpifrance, qui a créé un groupe de travail baptisé « intelligence artificielle et transformation des métiers du droit », a identifié moins d’une dizaine d’acteurs qui exploitent vraiment l'IA, parmi lesquelles sont citées Predictice ou Hyperlex. La concurrence se renforce également avec les acteurs juridiques traditionnels qui entament de leur côté leur transformation numérique.
L’univers des legaltech n’est pas pour autant une jungle où seule la concurrence prévaut. Les acteurs du nouveau et de l’ancien monde du droit, qui partagent des intérêts communs, coopèrent autour d’associations telles Open Law, de lieux comme les incubateurs des barreaux ou d’évènements à l’instar du Village de la Legaltech. Autre signe d’une convergence des deux mondes, les start-up du droit nouent des partenariats avec des prescripteurs tel que le réseau d’avocats et d’huissiers de justice Eurojuris France, partenaire des plateformes Legalstart et eJUST. Cette stratégie d’ouverture se manifeste aussi par le développement d’offres destinées au marché BtoB, c’est-à-dire aux professionnels du droit ou à toute entreprise ayant des besoins juridiques récurrents. Certains acteurs ont aussi entamé une diversification de leur portefeuille de services, plusieurs legaltech ayant vocation à s’étendre au-delà du monde du droit pour couvrir tout ou partie des services aux entreprises, comme les métiers du chiffre. Si cette diversification fait sens, elle élargit néanmoins encore davantage l’espace concurrentiel dans lequel évoluent les legaltech.
Publié le lundi 13 janvier 2020 . 3 min. 03
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