Comme à chaque crise, les acteurs du restructuring aiguisent leurs armes. À la différence près que la vague de défaillances de PME, d’ETI ou de grandes entreprises s’annonce cette fois-ci élevée en dépit des mesures de soutien de l’État. Le tissu économique va en effet être mis à rude épreuve, car le PIB ne retrouvera son niveau d’avant-crise qu’en 2022. Et puis de nombreux secteurs se révèlent sinistrés comme l’aéronautique, l’hôtellerie ou l’événementiel. Deux situations vont se présenter. oit les entreprises choisiront de prendre les devants et d’anticiper leur défaillance en se restructurant par des mesures correctives assorties éventuellement d’un volet financier comme une augmentation de capital ou un rééchelonnement de la dette. Soit elles subiront leur restructuration, car en situation de défaillance. Dans les deux cas, les professionnels du restructuring se mobilisent déjà pour les accompagner sur les aspects financiers, juridiques, stratégiques ou de gestion des RH.
Trois grandes catégories de métiers interviennent dans le retournement : les professions réglementées (avocats, administrateurs et mandataires judiciaires), les cabinets de conseil (stratégie, services financiers, RH, etc.) et les experts financiers (banques d’affaires, banques judiciaires, factors ou encore fonds de retournement…). Ce marché demeure très cloisonné avec d’importantes barrières à la mobilité pour les acteurs sur certains maillons à cause de l’expertise technique demandée et d’effets de réputation. Les acteurs du restructuring sont par ailleurs amenés à travailler avec les pouvoirs publics, surtout pour les dossiers les plus sensibles. Parmi ces structures, citons le CIRI (le comité interministériel de restructuration industrielle), la médiation du crédit de la Banque de France ou encore l’Autorité des marchés financiers pour les groupes cotés.
Pour accompagner ce nouveau cycle du marché, les cabinets de conseil en stratégie, d’audit et d’avocats ou encore les banques d’affaires se réarment. Un véritable « mercato » des talents battait son plein à l’été 2020, signe de la volonté des acteurs de renforcer leurs équipes, de redéployer leur offre de services et de consolider leurs positions. La concurrence pour l’accès à des ressources rares va dès lors s’accentuer. Des enjeux de formation en interne vont aussi inévitablement se poser. Ces acteurs vont également devoir faire preuve d’efficacité et d’innovation au niveau de leur organisation pour traiter un nombre important de dossiers alors que les contraintes réglementaires demeurent pesantes et évolutives. La réforme des procédures collectives, dans le sillage de la nouvelle directive européenne « insolvabilité » d’inspiration nord-américaine, est en effet progressivement transposée en droit français. Sur le plan concurrentiel, cet alignement du droit européen sur le droit américain contribuera à forger un langage technique commun, facilitant a priori les collaborations internationales sur les procédures complexes. Cela pourrait à terme décloisonner le marché mondial du restructuring et donc favoriser les grands cabinets internationaux d’avocats, de services financiers ou de stratégie au détriment des plus petits acteurs.
Publié le mercredi 07 octobre 2020 . 3 min. 08
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