La presse économique et de management ne cesse de vanter les mérites des grands leaders charismatiques. Et de citer sans cesse les mêmes, Elon Musk, Jeff Bezos, Steve Jobs ou Bill Gates : tous ont captivé les foules par leur simple présence. Pourtant, le charisme, loin d'être une force magique, masque souvent des failles profondes. Alimentées par un ego surdimensionné, ces failles peuvent devenir un véritable fléau pour une entreprise.
Jim Collins, dans son ouvrage "Good to Great", éclaire une réalité souvent ignorée : ce ne sont pas les leaders charismatiques qui transforment les entreprises de bonne à exceptionnelle, mais ceux qui possèdent une humilité profonde, alliée à une volonté inébranlable. C’est ce qu'il appelle le "Level 5 Leadership". Selon Collins, l'ego démesuré d'un leader est l'une des principales barrières à la transformation durable d'une entreprise. Un leader centré sur lui-même détourne la mission première de l'entreprise vers une quête personnelle de reconnaissance.
L'ego est un poison insidieux qui conduit à des décisions impulsives, souvent désastreuses. Les leaders « Level 5 » réussissent parce qu'ils transcendent leur propre ego pour se concentrer sur la mission à long terme de l'entreprise, grâce à un mélange paradoxal d'humilité personnelle, de volonté et de détermination. À l'inverse, un leader trop attaché à son image perd rapidement de vue l'essentiel. Au lieu de prendre des décisions dans l'intérêt de l'entreprise, il les utilise pour flatter son ego, sapant ainsi la culture d'entreprise et démotivant les équipes.
Le paradoxe de la confiance est souvent confondu avec le charisme. Collins rappelle que la véritable confiance n'a rien à voir avec le besoin de briller. Les leaders « Level 5 » écoutent, délèguent, et admettent leurs erreurs sans crainte de perdre leur statut. Ils n'ont pas besoin d'écraser les autres pour se sentir forts. À l'inverse, un leader charismatique, souvent porté par un ego fragile, refuse de reconnaître ses limites, conduisant inexorablement à des échecs coûteux.
Collins met également en garde contre l'incapacité à déléguer, symptôme classique de l'ego envahissant. Un leader charismatique, convaincu que l'entreprise ne peut survivre sans lui, centralise toutes les décisions, créant un goulot d'étranglement. Cette attitude ralentit les processus, empêche l'émergence de nouveaux talents et rend l'entreprise excessivement dépendante de son leader, ce qui la rend trop souvent fragile et vulnérable.
Publié le mercredi 02 octobre 2024 . 2 min. 58
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