Le marché de la formation professionnelle commençait tout juste à absorber les soubresauts de la loi « Avenir professionnel » lorsqu’il a été bousculé par la crise. Malgré les mesures de soutien de l’État, les pertes de revenus seront importantes pour les organismes privés en 2020. Un rebond technique devrait suivre dès 2021. Cette crise a néanmoins validé une autre approche de la formation auprès des entreprises et des particuliers, celle du e-learning ce qui devrait, à terme, ouvrir de nouvelles opportunités. D’autant que les moteurs du marché restent solides : besoins de s’adapter aux mutations du monde du travail, investissement dans les compétences, essor du segment BtoC avec le compte personnel de formation, reconversions professionnelles facilitées et développement de l’apprentissage.
Si la crise de 2020 a des effets délétères sur l’activité des centres de formation, elle va aussi bousculer le paysage concurrentiel. Celui-ci pourrait se restructurer entre l’inévitable remontée du risque de défaut des organismes traditionnels les plus fragiles et l’offensive remarquée des plateformes de e-learning dans un contexte où la distanciation sociale est de rigueur. Que ce soit les acteurs français, comme OpenClassrooms ou Fun MOOC, ou étrangers comme Udemy, Coursera ou EdX, les spécialistes du e-learning ont pris une longueur d’avance. Les organismes de formation traditionnels qui ont su investir dans la numérisation en ont également récolté les fruits. Pour certains, le recours à la croissance externe a été décisif pour mettre la main sur une expertise technologique, comme Apave avec le rachat de la start-up Variable. D’autres rachats suivront probablement avec la crise. La consolidation pourrait aussi s’accentuer sous l’effet des géants du numérique. Facebook, LinkedIn et YouTube investissent en effet le marché de la formation professionnelle tandis que le contexte sanitaire leur est propice.
Face à la crise, la formation professionnelle doit faire son aggiornamento numérique à marche forcée. En témoigne les conversions rapides au e-learning et les conceptions de formations diplômantes 100% online en phase de confinement. Mais le choc du Covid-19 accélère aussi le remaniement des catalogues de formation pour surfer sur le boum du télétravail, de la sécurité et la santé au travail et du désir de reconversion professionnelle d’une partie des Français. Dans le contexte actuel, ces stratégies continueront d’être porteuses, ainsi que les efforts sur l’image de marque et la qualité perçue. D’autant qu’avec le succès du CPF, une évolution fondamentale s’opère. Les particuliers deviennent les véritables clients à convaincre, faisant basculer le centre de gravité du marché vers le segment BtoC. Le e-learning n’est toutefois pas le seul horizon possible et des acteurs poursuivent des stratégies alternatives ou hybrides où le présentiel conserve toute sa place, en l’enrichissant le cas échéant par des outils numériques, par exemple avec des casques de réalité virtuelle pour Apave.
En d’autres termes, le présentiel n’est pas mort et le redéploiement numérique des organismes de formation traditionnels, s’il est essentiel pour faire face à cette crise, doit être combiné à d’autres formats pour éviter une accélération des pressions déflationnistes…
Publié le lundi 5 octobre 2020 . 3 min. 23
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