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Volkswagen, Tesla, Intel, le fabricant suédois de batteries Northvolt, le chimiste allemand Linde, le géant italien Enel... La liste des grandes entreprises à temporiser ou à revoir leurs décisions d’investissements en Europe ne cesse de s’allonger. Et à chaque fois, c’est un projet d’installation aux États-Unis qui est mis en balance. Pointée du doigt par les Européens pour expliquer ces revirements, l’Inflation Reduction Act, une loi adoptée par le Congrès américain le 16 août 2022. Loin d’avoir pour priorité la réduction de l’inflation, l’IRA vise essentiellement à lutter contre le changement climatique tout en réindustrialisant le pays. Pour ce faire, une enveloppe de 391 milliards de dollars essentiellement sous forme de crédits d’impôts et de subventions est engagée sur 10 ans soit 39,1 milliards par an. Et il faut ramener cette somme au PIB pour véritablement en mesurer le poids économique. Cela représente par année l’équivalent de 0,15% de la richesse créée de 2022, ce qui reste modeste.


Siphonner les investissements directs étrangers


Ce n’est donc pas tant les montants en jeu qui irritent les gouvernements européens (ils font plus). Non, là où le bât blesse, c’est que les avantages fiscaux contenus dans la loi américaine soient assortis pour les entreprises comme pour les ménages d’une contrepartie : l’obligation de production locale et/ou de contenu local des biens utilisés dans leur production. Un exemple. Sous condition de revenu et de taille du véhicule, un ménage américain va pouvoir bénéficier d’un crédit d’impôt de 7 500 dollars pour l’achat d’une voiture électrique neuve, si :


1. le véhicule a été assemblé aux États-Unis,
2. il intègre un certain pourcentage de minerais critiques (40% en 2023, 80% en 2027) venant des États-Unis ou recyclé aux États-Unis ou d’un pays ayant un accord de libre-échange avec les États-Unis,
3. un certain pourcentage (50% en 2023, 100% en 2029) des composants rentrant dans la fabrication de la batterie ait été fabriqué ou assemblé soient aux États-Unis au Mexique ou au Canada.


Sur toutes les catégories de crédits d’impôt de l’IRA, 7 contiennent une clause de contenu local. L’objectif est très clair : siphonner les investissements directs étrangers, principalement ceux qui peuvent alimenter la filière verte américaine.


D’autres facteurs pénalisants


Ce mauvais coup vient s’ajouter à d’autres facteurs déjà pénalisants pour l’industrie européenne. Il y a d’abord le différentiel du coût de l’énergie, très favorable aux Américains depuis le début du conflit ukrainien. En cause, la flambée des prix du gaz, mais pas seulement. Si le marché du pétrole est mondial, ceux du gaz et de l’électricité sont régionaux. Or, avec le conflit ukrainien, l’épicentre de la crise énergétique s’est situé en Europe avec des prix du gaz naturel multipliés par 13 entre 2020 et 2022 contre moins de 2,2 de l’autre côté de l’Atlantique. Pour les industries lourdes les plus énergivores, c’est un handicap de compétitivité insurmontable. Certes, l’écart s’est réduit, mais il demeure encore compris dans un rapport de 1 à 6 depuis le début de l’année.


En outre, va se poser le problème de l’hiver 2023-2024. Le remplissage des stocks à ras bord par du gaz russe comme à l’été 2022 pour préparer la période hivernale n’est plus possible et les circonstances particulières (faible demande d’énergie dans le monde avec la décélération de la croissance et la douceur de l’hiver en Europe) ont peu de chance de se reproduire telles quelles. Il est donc vraisemblable que les marchés du gaz naturel et de l’électricité européens se tendent à nouveau l’hiver prochain.


À plus long terme, la compétitivité européenne va souffrir d’un double handicap. Énergétique, une fois de plus liée cette fois-ci à la plus grande rapidité de la transition énergétique dans la zone euro qu’aux États-Unis et les effets de cette transition rapide sur les prix de l’énergie. L’intermittence de la production des énergies renouvelables les rend en effet nettement plus coûteuses.


À quoi s’ajoutent, les effets pervers de la taxe carbone aux frontières qui sera progressivement mise en place à partir d’octobre prochain. Concrètement, les importateurs vont devoir acheter des certificats d’émission basés sur le prix du carbone qu’ils auraient dû acquitter si les biens avaient été produits dans l’UE, car les entreprises européennes doivent s’acquitter des quotas de CO2 lorsqu’elles polluent. Mais sont uniquement concernés l’acier, le ciment, l’aluminium, le ciment, les engrais, l’hydrogène. En d’autres termes sont dans le viseur les biens intermédiaires, d’où une incitation à délocaliser les productions des autres biens industriels. L’acier, l’aluminium américain seront taxés, certes, mais pas les véhicules importés des États-Unis qui seront produits avec de l’acier et de l’aluminium américain, qui n’auront pas à supporter ce type de taxe.


Autres éléments à mettre dans l’équation, le différentiel de croissance nettement en faveur des États-Unis depuis 20 ans, ce qui ne contribue pas à rendre l’Europe très attractive, mais c’est aussi un effort en R&D beaucoup plus intense de l’autre côté de l’Atlantique. L’Europe prend du retard dans la course à la technologie. 


L’Inflation Reduction Act ne peut certainement pas à elle seule provoquer un changement massif de destination des IDE de l’Europe vers les États-Unis. Mais elle se superpose à une série de handicaps existants et à venir et pourrait bien être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.


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