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L’Allemagne fait figure de maître de l’Europe. Mais le modèle a ses faiblesses et son avenir est moins assuré qu’il n’y paraît. Côté pile, l’euphorie conjoncturelle peut se résumer en quatre indicateurs :
1. La croissance : elle est forte, proche de 2% voire supérieure, et les perspectives pour 2018 sont excellentes.
2. Les excédents courants, le marqueur de la superpuissance allemande à l’extérieur : ils représentent désormais entre 7 et 8% du PIB. Aucune grande économie ne fait mieux.
3. L'excédent des finances publiques, avec de nouveau un solde positif qui se profile pour 2018, le cinquième à la suite, record historique.
4. Le taux de chômage au plancher, comme témoin d’un marché du travail qui tourne à plein régime.

 

Côté face, en revanche, des faiblesses structurelles. Elles sont économiques, sociales et politiques.

 

Dans la crise, l’efficacité de l’économie allemande a été écornée comme le montre le très net ralentissement de la croissance de la productivité globale des facteurs, passée de 1% sur la période 2001-2007 à 0,3%. Parmi les éléments explicatifs, la faiblesse de l’effort d’investissement des entreprises : rapporté au PIB, il n’avait toujours pas restauré fin 2017 son niveau d’avant crise.

 

A cela s’ajoute une allocation du capital de moins en moins optimale. Les ressources en capital prennent de plus en plus la direction de l’immobilier, et alimentent ce qui ressemble de plus en plus à une bulle. Les prix se sont envolés de 37% depuis la fin 2010, alors qu’ils n’avaient quasiment pas bougé depuis le début des années 2000, contrairement au reste de l’Europe. C’était d’ailleurs la pierre angulaire pour imposer la modération salariale qui a fait en partie la compétitivité allemande : grâce à des prix bas, le coût du logement ne grevait pas le budget des ménages. C’est de moins en moins vérifié et on comprend mieux certaines revendications salariales.

 

La faiblesse des taux d’intérêt n’a pas en outre que des répercussions sur l’immobilier, mais aussi sur le maintien en vie artificielle d’entreprises "zombies", c’est-à-dire selon la définition de l’OCDE, d’entreprises de plus de 10 ans dont les bénéfices ne permettent pas de couvrir les frais financiers sur trois années consécutives. Selon une étude de l’OCDE, la part du stock de capital bloqué dans ces entreprises est de 12% environ. C’est moins qu’en Italie, mais beaucoup plus qu’en Corée, qu’au Japon ou qu’en France par exemple. Autant d’entreprises qui captent des ressources qui seraient mieux employées ailleurs et qui freinent la productivité.

 

Au plan social, la société allemande est de plus en plus fragmentée. C’est la conséquence directe des reformes Hartz, mises en œuvre entre 2003 et 2005, articulées notamment autour du développement de mini-jobs et de coupes drastiques dans l’indemnisation du chômage. Revers de la médaille de la formidable amélioration du marché du travail : la montée du taux de risque de pauvreté des personnes en emploi (autour de 4% au début des années 2000, il a été en moyenne de 9,7% entre 2014 et 2016), et de plus en plus de chômeurs pauvres. Parmi les Etats membres de l’UE, l’Allemagne est le pays qui connait le plus fort taux de chômeurs en risque de pauvreté, devant la Lituanie. La moyenne de la zone euro est beaucoup plus basse, sans parler de la France ou de la Finlande qui ferme la marche avec 37,3%.

 

Le nombre de personnes cumulant deux emplois pour faire face au risque de pauvreté est de ce fait en progression. Plus de 2,2 millions d’Allemands ont un double emploi, près de deux fois plus qu’en France.

 

Les problèmes politiques, enfin. Face à la montée des mécontentements et une société coupée en deux, les partis traditionnels cèdent beaucoup de terrain, laissant un espace aux partis populistes. L’AFD, parti anti-européen, anti-immigration et d’extrême droite, a fait une percée lors des dernières élections législatives alors que l’on pensait le pays immunisé contre le nationalisme en raison de son histoire. Et la nouvelle coalition d’Angela Merkel est fragile.

 

L’économie allemande c’est une douce euphorie conjoncturelle qui masque des fragilités structurelles.


Publié le lundi 19 mars 2018 . 4 min. 27

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