Depuis quelques mois, la situation économique de l’Allemagne inquiète. The Economist s’est même demandé en août 2023 si « l’Allemagne était à nouveau l’homme malade de l’Europe ? »
L’industrie manufacturière représente un cinquième de son PIB, et cette dernière pâtit du ralentissement mondial. Plusieurs éléments expliquent cette situation :
- La hausse des prix de l’énergie :
o Induisant une baisse des consommations de 17% depuis l’année dernière par les producteurs de produits chimiques, de verre et de papier,
o Sans le gaz russe bon marché, les entreprises industrielles doivent désormais compter sur des approvisionnements en gaz naturel liquéfié (GNL), plus coûteux.
- Les tensions commerciales accentuées par la guerre en Ukraine
- La pénurie de travailleurs qualifiés
Ainsi, les problèmes structurels de longue date :
- Vieillissement de la population
- Effritement des infrastructures
Ont été aggravés par :
- La guerre en Ukraine,
- La hausse des taux d'intérêt
- L’essoufflement du commerce mondial.
L’automobile, secteur central de l’industrie allemande, est menacée :
- Les grandes marques perdent des parts de marché au profit d’entreprises chinoises moins chères dans le secteur des véhicules électriques
- Un tassement de la demande en Chine, amenant les entreprises chinoises à casser les prix pour renforcer leurs exportations
Toutefois, les analystes prévoient un rebond de ce secteur devraient reprendre, notamment grâce à l’augmentation des capacités de production de Tesla sur le sol allemand.
Mi-octobre 2023, Robert Habeck, vice-chancelier et ministre fédéral de l'Économie et du Climat, a présenté une stratégie industrielle avec de nombreuses mesures à prendre rapidement et des subventions publiques.
L’un des éléments clés de cette stratégie industrielle porte sur le coût de l’électricité avec notamment :
- La taxe sur l'électricité sera ainsi ramenée de 1,537 centime par kWh au minimum européen de 0,05 centime par kWh jusqu’en 2025
- Les entreprises les plus consommatrices d’énergie et confrontées à la concurrence internationale bénéficieront de la prolongation de dispositifs permettant de compenser une partie de leurs coûts liés aux marchés de droits à polluer
Ces dispositifs sur l’énergie laissent craindre :
- Une augmentation du prix de l’électricité pour ceux qui ne bénéficient pas du régime de subvention
- Un soutien aux énergies fossiles alors qu’elles contribuent au réchauffement climatique
- Un retard dans la transformation du système énergétique allemand
Si l’on peut imaginer que l’Allemagne se sortira de cette crise, les défis restent conséquents :
- Le besoin d’investir massivement et rapidement dans la transition énergétique, notamment au regard de la dépendance au gaz de nombreuses entreprises
- La nécessité de trouver de nouveaux relais de croissance au regard de la concurrence mondiale :
o Sur les marchés historiques de l’Allemagne
o Le tassement de la demande en Chine
o La demande interne pourrait jouer un rôle dans la relance de l’économie allemande, surtout au regard de l’augmentation des salaires et la baisse de l’inflation
- Opter pour une évolution des règles et des contraintes européennes pour soutenir le tissu industriel européen face au dumping extra-européen
Mais l’Allemagne a aussi des forces sur lesquelles s’appuyer :
- La diversité du tissu industriel allemand
- L’intégration des chaînes de valeur
- La capacité à innover
- La plus forte numérisation des entreprises grâce à l’industrie 4.0
- Ou encore la cogestion
Publié le lundi 08 janvier 2024 . 3 min. 32
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