Il faut replacer le sacre de Xi, élu pour un 3e mandat présidentiel en mars 2023, dans la progression du duopole sino-américain en matière de puissance économique et numérique, militaire et diplomatique, et d’influence globale.
En 2021, le PIB cumulé en valeur marchande des États-Unis et de la Chine s’est établi à 42,5% du PIB mondial (24 % pour les États-Unis et 18,5 % pour la Chine). Ces deux pays ont effectué 56% des dépenses militaires mondiales (38 % pour les États-Unis et 18 % pour la Chine).
Si l’Union européenne ne se réveille pas, les États-Unis et la Chine représenteront, en 2025, 43,5% du PIB mondial et plus de 60 % des dépenses militaires mondiales. Ils domineront totalement le monde numérique, les fintechs et l’intelligence artificielle, dont ils sont déjà, tous deux, les leaders mondiaux.
Et ces deux pays sont en compétition pour dominer le monde. L’Europe se met-elle en ordre de bataille ? C’est tout l’inverse que l’on peut observer sur ce Vieux Continent désuni, avec les divorces nord-sud et est-ouest au sein de l’Union européenne. La peur du Croquemitaine Poutine ne suffit pas à encourager les Européens à renforcer réellement leur autonomie stratégique et militaire.
L’héritage de Deng Xiaoping, refondateur de la Chine moderne, était marqué par trois lignes de force dans son action et celle de ses successeurs jusqu’à Hu Jintao : 1/ la création d’une économie socialiste de marché plus ouverte sur le monde et favorisant les initiatives individuelles avec une séparation progressive entre les administrations de l’État et celles du Parti communiste ; 2/ l’importance donnée à l’expérimentation dans les politiques publiques avec une plus grande liberté laissée aux ménages pour développer des activités privées et la création de zones économiques spéciales accueillant les entreprises étrangères, le développement d’un système financier et la multiplication des investissements à l’international ; et 3/ l’institutionnalisation du régime avec la Constitution de 1982, qui réduisait le rôle de la lutte des classes et visait à favoriser le développement économique, ce qui préparait l’introduction des droits de propriété privée, en 2004. Les mandats politiques étaient limités à deux termes de cinq ans. La Chine ne devenait pas une démocratie, mais elle se transformait et s’ouvrait sur le monde. Ce sont toutes les évolutions que Xi a inversées.
Xi a fait voler en éclats le programme politique de Deng. Tout d’abord, il a fait sauter les règles de limitation des mandats et s’est placé au centre de la Constitution alors que Deng avait voulu bannir le pouvoir personnel. Ensuite, il a mis de côté le principe d’expérimentation par une recentralisation du système et une nouvelle fusion des administrations du Parti et de l’État donnant le primat au Parti. Enfin, il accentue le contrôle du Parti sur les entreprises et reprend le suivi en direct de leur internationalisation. Progressivement, la propagande officielle met Deng sur le bord de l’histoire et réaffirme le contrôle total du Parti sur les sphères économique et politique.
Le XXe Congrès du Parti communiste chinois (16-22 octobre 2022) a renouvelé 65% des membres du Comité central, ce qui montre la mainmise de Xi sur cette instance. Le Comité central s’est réuni le 23 octobre et a renouvelé les mandats de Xi Jinping à la tête de la Chine pour la troisième fois et nommé un Comité permanent du Bureau politique constitué de fidèles de Xi. Xi a été réélu président de la République par l’Assemblée nationale chinoise en mars 2023 pour la troisième fois.
Face à lui, Biden durcit sa politique vis-à-vis de la Chine par un blocage de plus en plus complet des achats chinois de produits technologiques américains.
La rivalité USA – Chine pour la domination mondiale s’amplifie chaque jour avec deux lutteurs de plus en plus durs. L’Europe molle est un des enjeux de cette rivalité.
Publié le mercredi 7 juin 2023 . 5 min. 07
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de Christian Saint-Etienne
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