Xerfi Canal a reçu Franck Barnu, journaliste indépendant et consultant dans le domaine de l'innovation et des technologies
Les robots peuvent-ils sauver les PME françaises ? Beaucoup, à l’instar du Symop, le syndicat des entreprises de technologies de production, le pensent. Ils affirment que pour de nombreuses PME la robotisation est une alternative à la délocalisation. La question qui se pose alors change de nature. Ces robots qui ont depuis longtemps envahi les ateliers de grandes entreprises sont-ils à la portée des PME ? Question qui en entraîne une autre : les PME françaises sont-elles vraiment prêtes à s’équiper ?
Eh bien il y a une bonne nouvelle et une moins bonne. Commençons par la bonne. La bonne nouvelle est que oui, la robotique est plus que jamais prête à franchir le seuil des petites entreprises, même de celles de moins de 50 salariés.
D’abord par ce que les prix des robots ont chuté. En quinze ans ils ont été divisés par deux mettant l’investissement à portée des PME. Il y a une autre raison, plus importante encore : le progrès technologique. Les robots sont devenus plus fiables et donc d’une maintenance plus aisée. Leur programmation est plus simple, ce qui en facilite l’installation. Ils ont enfin acquis davantage de flexibilité c'est-à-dire qu’ils sont devenus capables de s’adapter à la production en petites et moyennes séries qui est typiquement celle des PME.
Voilà pour la bonne nouvelle. La moins bonne maintenant : si, techniquement et financièrement, la robotisation est possible cela ne la rend pourtant ni anodine ni aisée. Installer un robot reste, pour une PMI, une affaire complexe et pour cette raison elles sont encore peu nombreuses à avoir franchi le pas.
La robotisation est complexe car elle multidimensionnelle : Elle est à la fois affaire de technique et de stratégie. Elle a des implications importantes en termes d’organisation de la production. Elle aussi a de profonds impacts humains et financiers. Pour toutes ces raisons nombre de PME tentées de se lancer dans l’aventure abandonnent souvent en cours de route. Elles ne savent pas par quel bout prendre le problème. Elles manquent de compétences pour rédiger un cahier des charges qui tient la route.
Le résultat : les PMI françaises sont sous équipées. 66% des robots installés en France le sont dans des entreprises de plus de 1000 personnes. 5 % seulement dans des PME de moins de 50 salariés.
Il y a pire encore : le nombre total de robots installés en France est presque de 5 fois inférieur à celui de l’Allemagne et même 2 fois moindre que celui de l’Italie.
C’est préoccupant. Surtout si l’on est convaincu que la robotisation est la planche de salut pour des PMI confrontées à la concurrence des pays à bas coûts de main d’œuvre.
Alors, que faire pour accélérer le mouvement ? Le Cetim (centre technique des industries mécaniques) et le Symop partagent le même point de vue : il faut disent-ils aider les PMI à faire une analyse et un diagnostic précis de leurs besoins en termes de robotisation. Fortes de ces conseils, les entreprises seront ensuite capables de réaliser le fameux cahier des charges de leur installation et de mener à bien la mise en œuvre d’un robot.
Ce diagnostic robotique proposé aux PME prend en compte tous les dimensions du problème. Le versant économique d’abord, à savoir : quel est dans mon entreprise, l’activité la plus intéressante à robotiser ? Quelle est sa rentabilité ? Il prend ensuite en compte l’aspect processus : sachant qu’il n’est pas imaginable de robotiser un procédé qui n’est pas parfaitement au point, quelles évolutions doit connaître mon procédé ? Le diagnostic porte également sur l’aspect humain : à quelle tâche réaffecter ceux que le robot remplace et quelles formations dispenser à l’ensemble de mes opérateurs ? Et pour finir l’analyse des besoins de la PMI s’intéresse à l’aspect stratégique : quelles nouvelles opportunités de développement m’apporte la robotisation ?
Le Cetim a d’ores et déjà mené plusieurs actions de ce type dans des entreprises de mécanique. Le Symop prépare pour sa part une action d’envergure nationale permettant à des centaines de PMI de doper leur compétitivité.
Dernier point, important à souligner : contrairement à ce qui se passe dans les grandes entreprises, les PME ne cherchent pas généralement pas à profiter de l’installation d’un robot pour supprimer du personnel. Leur logique est plutôt de profiter du robot pour faire croître leur activité à personnel constant. Chez elles, « robot » ne signifie donc pas « licenciement d’un opérateur », mais affectation de celui-ci à d’autres tâches à plus forte valeur ajoutée. Des tâches plus valorisantes et moins pénibles. De quoi donc profiter également de l’installation d’un robot recréer une dynamique interne au niveau des ressources humaines.
Franck Barnu, Robotiser massivement pour redresser la compétitivité, une vidéo Xerfi Canal.
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