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Les arguments fallacieux de la réforme des retraites

Publié le lundi 13 février 2023 . 4 min. 47

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C’est un des projets auxquels le gouvernement tient le plus si on en juge par son insistance à vouloir le mettre en œuvre. Déjà au programme du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, il a fallu la crise du Covid pour qu’il soit retardé. Le voilà aujourd’hui relancé sous de nouveaux atours, dans un contexte politique où le gouvernement n’a pas une assemblée nationale sous contrôle, même s’il peut compter sur les voix LR pour l’imposer, mais sans doute au prix de baisses de pensions encore plus importantes.


Pour justifier la nécessité de cette réforme, il avance trois arguments dont la répétition n’implique pas la justesse.


Le premier, est celui de l’équilibre du système qui serait menacé d’un déficit insupportable pour les générations futures, qui sont ici opportunément convoquées bien que le gouvernement se soucient beaucoup moins d’elles pour le réchauffement climatique. Mais l’analyse du rapport du COR, organisme indépendant, montre qu’il n’y a en réalité pas de problème de déficit du système des retraites.


Le deuxième c’est l’argument, présenté comme une évidence, qu’avec une espérance de vie croissante, il est « normal » de travailler plus longtemps. À cette « évidence », on peut faire remarquer, d’une part, que faire travailler plus longtemps ceux qui ont déjà du travail tout en acceptant un faible taux d’emploi des seniors et un chômage important c’est épuiser les uns et désocialiser les autres, et, d’autre part, que jamais n’est posé le sens et le contenu de ce travail supplémentaire qui serait indispensable. Pour le gouvernement, ce qui compte c’est juste le temps qu’on passe à travailler quoi qu’on y fasse (des logiciels truqueurs comme chez les constructeurs automobiles, des produits financiers toxiques ou davantage de soignants et d’enseignants ?). C’est d’ailleurs ce qui explique le refus syndical qui ne parle pas du temps passé au travail mais des conditions concrètes dans lesquelles il s’effectue et des rémunérations correspondantes. D’où un dialogue de sourd qui ne risque pas de s’améliorer si le gouvernement ne fait que ressasser ces pauvres arguments.


Cette opposition entre l’accent mis uniquement sur le temps et celui mis sur ce qu’on en fait explique d’ailleurs ce que le gouvernement appelle pudiquement des « métiers en tension », comme pour les agents d’entretien, les aides-soignants, les aides à domicile, la restauration, les ouvriers non qualifiés ou les agents de sécurité, caractérisés par des bas salaires et des mauvaises conditions de travail (horaires décalés, travail de nuit). Plutôt que de « réformer » le système des retraites et de durcir les conditions de l’assurance chômage, c’est l’ensemble de la production qu’il faudrait transformer. D’autant qu’il n’est pas du tout sûr que les conditions environnementales (ressources disponibles, externalités négatives) permettent la poursuite de notre mode de production actuel.


Le dernier argument, c’est celui de la création de richesses qu’une augmentation du temps de travail permettrait, même si, on vient de le voir, la nature de cette « richesse » reste bien floue, de financer d’autres biens publics.


Mais que l’on constate une dégradation inquiétante de biens publics, comme la santé ou l’enseignement, doit davantage à des politiques publiques qui les mettent dans l’incapacité de fonctionner correctement, entretenant la grogne des usagers et la justification d’un recours au privé, censé par hypothèse être plus performant.


Expliquer au bon peuple qu’il faut travailler plus quand, dans le même temps, on octroie sans conditions plus de cent milliards d’euros par an aux (grandes) entreprises, vient sérieusement relativiser la crédibilité de cet argument. Derrière ce faux problème des moyens qui manquent (alors que la pénurie est soigneusement organisée), il y a la répartition des richesses et leur contenu. Que l’on sache, les actionnaires n’ont pas vraiment souffert et Piketty, citant le rapport mondial sur les inégalités, révèle que de 2010 à 2022, les 500 plus grandes fortunes de France sont passées de 200 à 1000 milliards d’euros. De 10% du PIB à 50%, soit le double de ce que possèdent les 50% les plus pauvres.


En réalité, cette réforme proclamée si nécessaire, n’a pour objectif que d’étatiser la protection sociale en dépossédant les partenaires sociaux de leur pouvoir de gestion, acquis après la deuxième guerre mondiale et progressivement réduit de réformes en réformes. De cette façon, l’État pourra continuer sa politique au service des actionnaires en diminuant les impôts des entreprises et au prix d’une baisse sensible de nombre de retraites, au contraire de ce qu’il s’évertue à proclamer.
De la part d’un gouvernement qui compte 19 millionnaires, il n’y a pas lieu de quoi être surpris, mais il y a d’excellentes raisons de résister.


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