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Cette "Science" économique qui perd le contact avec les enjeux réels

Publié le jeudi 18 janvier 2024 . 5 min. 12

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Plus que jamais l’économie souffre de son repli disciplinaire sur elle-même. La critique n’est pas nouvelle, pour ne pas dire qu’elle est banale. Karl Polanyi pointait déjà en 1944, dans son célèbre ouvrage « La Grande Transformation », la tendance de l'économie de marché autorégulée à se concevoir comme un corpus autonome, soumettant toute la société à sa loi…. En s’emparant de sujets de plus petite échelle, d’ordre micro-économique, en s’intéressant davantage à l’hétérogénéité des comportements, en donnant la part belle aux expériences naturelles, la science économique peut donner le sentiment d’avoir modéré sa prétention hégémonique sur les autres disciplines. Mais à négliger le dialogue avec ces dernières, elle fait du surplace sur au moins deux enjeux décisifs : celui de la transformation climatique et sur la question liée de la place à accorder aux objectifs de croissance et de productivité.


L’absence d’interdisciplinarité pour analyser la transition climatique


L’enjeu de la transition climatique est par excellence un champ sur lequel le dialogue interdisciplinaire devrait être considéré comme incontournable. Au lieu de cela, nombre d’économistes préfèrent laisser croire que le problème est morcelable et peut entièrement se résoudre via les instruments propres à leur discipline, autrement dit des taxes, des permis négociés sur un marché, et des subventions. Chacun dans son champ fait ce qu’il a à faire : aux ingénieurs les questions d’ingénieur, aux climatologues, les questions de climat, aux sociologues les questions de société, etc... Quel est le résultat de cette prétention à tenir les manettes du pilotage tout en faisant l’impasse sur les autres domaines de connaissance. Une résistance sociale qui, à force d’être traitée comme le mur de l’ignorance, ne fait que s’exacerber. Un marécage cognitif qui, plutôt que de bâtir un consensus propre à l’action efficace, instaure le doute permanent affaiblissant la légitimité des politiques climatiques. Comment croire au pilotage du processus, quand les ingénieurs pointent la non soutenabilité du tout électrique du point de vue des ressources nécessaires. Quand le coût, l’impact écologique ou les besoins de recyclage attenants aux énergies alternatives et aux systèmes de stockage demeurent encore débattus, quand l’innovation, bien plus qu’elle ne résout l’équation climatique, produit un nouveau monstre énergivore à travers la course digitale, etc… Résultat, l’économie dans son abstraction nous dit d’aller dans une direction, tout en restant brumeuse sur les techniques, les rapports de production ou la société qui en découle.


Jamais le lien entre innovation / productivité / croissance n’a été aussi distendu


En s’en remettant avec une confiance aveugle à l’innovation, en continuant à placer la croissance et la productivité au cœur de ses objectifs, comme si de rien n’était, l’économie, dans sa version orthodoxe du moins, dévoile l’autre impensé ou plutôt l’autre non repensé de la discipline. Robert Solow connaissait la force d’attraction intellectuelle de son modèle de croissance équilibré. Mais ayant mis en valeur le fait que l’essentiel de la croissance était imputable au résidu qui porte son nom, il était conscient aussi que le progrès technique demeurait la part mystérieuse et difficilement manipulable des économies. Sur cette part, il se contentait de faire des hypothèses, suggérant que l’investissement nouveau était un des vecteurs de propagation les plus efficaces du progrès technique, ralliant aussi, sans confiance excessive, les propositions de Romer et Lucas sur le fait qu’une partie du progrès technique pouvait être endogénéisée, via plus d’éducation, plus de R&D, etc. Mais s’il avait pointé en 1987 le paradoxe de la productivité, le faible impact visible des ordinateurs sur la croissance et la productivité c’était aussi pour souligner le temps de latence et toutes les incertitudes qui entourent le lien entre innovation et croissance, pleinement conscient de tous les aspects sociétaux et institutionnels, non quantifiables qui agissent sur ce lien. Or jamais, ce lien entre innovation / productivité / croissance n’a été aussi distendu. Et jamais, l’objectif même de croissance n’a été autant contesté. En s’emparant de la question écologique sans sortir de leur discipline, nombre d’économistes s’en remettent à un effet magique, celui de l’innovation, quand l’urgence ne laisse plus place aux jeux de hasard. Esquivant la question du comment (selon quelles techniques, quelles filières, quel rythme, quel aménagement du territoire, etc.), ils deviennent coresponsables de la grande procrastination climatique. S’ouvrir, travailler le doute, affronter efficacement les défis contemporains. La science économique ne progressera pas sans sortir de son silo méthodologique.


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