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Les valeurs du luxe sont aujourd’hui au pinacle à la Bourse de Paris. Elles s’affichent à l’avant-garde du capitalisme français. Kering, L’Oréal, Hermès, LVMH : à eux quatre, ces géants mondiaux représentent 35% de la capitalisation boursière du CAC 40. Certains parlent des KOHL — les GAFAM à la Française — voire des KOHLC en intégrant Chanel. Comme le relève la journaliste Dominique Chapuis, il est loin le temps où Pompidou ringardisait ces industries, en faisant l’emblème de la désuétude productive français, pays du bon vivre et du chic passéiste.


Un cocktail financiaro-immatériel détonant


Ce que valorise aujourd’hui la bourse, c’est le génie financier que recèlent les holdings qui intègrent les industries « de ce qui est rare et cher » pour en extraire de la valeur actionnariale. Ces dernières intègrent un portefeuille de marques fortes, savent en démocratiser la demande sans en altérer l’image, renouveler leur force symbolique, la décliner à l’international et susciter le désir et le consentement à payer cher, sous tous les cieux, toutes les cultures du monde. Au niveau de ces holdings, ce que l’on price, c’est :


1. La force d’intégration qui permet de faire main basse sur les acteurs stratégiques. Comme lorsque Bernard Arnault, avec Bulgari et Tiffany, se dote d’une force de frappe inégalée sur le marché de la joaillerie.
2. La redoutable performance financière qui caractérise ces groupes, dont les fonds propres se renforcent avec la revalorisation des actifs intangibles (goodwill, écarts d’acquisition, marques, droits d’utilisation).
3. L’endettement qui demeure modéré et associé à des niveaux de cashflows disponibles élevés.
4. En arrière-plan, des ratios de marge et de profitabilité opérationnelles et financières hors normes (soutenus par des magasins gérés en propre) qui permettent la maîtrise du prix.
5. Des perspectives de croissance qui propulsent les multiples de valorisation à des niveaux vertigineux.


C’est ce cocktail financiaro-immatériel qui fait flamber la valeur.


Le luxe possède un faible pouvoir de ruissellement sur l’économie… vraiment ?


Mais que représentent ces étendards du luxe en termes d’activité, d’emploi sur le territoire? Comment irriguent-ils le revenu national ? La France dispose-t-elle avec le luxe d’un vrai moteur d’entrainement ?


Premier constat, le secteur du luxe est incroyablement extraverti :


• Prenons le cas de LVMH par exemple. 93 % de son chiffre d’affaires est réalisé hors France. Ce constat doit être atténué concernant l’emploi. Sur un effectif monde de 150 500 personnes, 22% sont localisés en France, soit 33 000 personnes.
• Les données plus parcellaires des autres groupes, indique une proportion de 16% pour L’Oréal, 20 à 25% pour Kering et de 63% pour Hermès qui fait exception.
• Au total, sur un effectif monde de 291 000 personnes, on peut estimer à 66 000 le nombre d’emplois directs localisés en France. 35% de la capitalisation boursière et 0,3% de l’emploi salarié marchand en France. C’est trois fois moins que l’automobile malgré l’hémorragie de ses emplois, deux fois moins que l’aéronautique ou 30% de moins que la pharmacie.


On peut se dire qu’il y a là une disproportion considérable, la même qui est souvent pointée d’ailleurs concernant les GAFAM aux États-Unis. Et qu’en définitive ces grands montages financiers du luxe auraient d’abord vocation à enrichir ceux qui les détiennent, aux premiers rangs desquels Bernard Arnaud (2e fortune mondiale), Françoise Bettencourt Meyers (11e fortune mondiale), François Pinault (24e fortune). Une machine à créer de la richesse stratosphérique, mais avec un très faible pouvoir de ruissellement sur l’économie nationale, à l’instar des armateurs grecs par exemple.


Mais à vrai dire, c’est une vision réductrice, faussée par la financiarisation de ces secteurs. À n’appréhender la filière qu’au sommet, là où se concentrent la R&D, la stratégie, le design, le marketing et surtout la vente, on passe à côté de toute la chaîne amont de fabrication du luxe, soit la partie immergée de la filière luxe.


Le luxe, un poids équivalent à l’automobile en termes d’emplois


Cette dernière mobilise aussi et surtout des savoir-faire et des compétences rares, non substituables pour partie encrées sur le territoire.


La mode, le cuir, l’horlogerie, les vins et spiritueux, les parfums et la cosmétique, il y a là un vaste écosystème de fabrication, avec des bassins d’emplois comme la vallée de la Bresle pour le flaconnage ou la cosmetic valley. Il n’est pas aisé de dénombrer ces emplois dédiés à la fabrication. Si l’on se restreint à une définition étroite — vins effervescents, boissons distillées, tissage, confection, horlogerie, cuir, joaillerie, parfums et produits de toilette, arts plastiques, etc. —, on dénombre de l’ordre de 100 000 emplois à ce stade de la fabrication, avec néanmoins une tendance rampante à la délocalisation, comme partout dans l’industrie.


En tenant compte de l’amont de la filière, on arrive donc à des ordres qui se rapprochent de ceux de l’automobile, surpasse ceux de l’aéronautique ou de la pharmacie. Les évaluations les moins sélectives (qui englobent toute la filière textile, vinicole ou l’hôtellerie-restauration de haut de gamme) vont jusqu’à 500 000 emplois directs et 1 million d’emplois indirects. Fait moins contestable, le luxe est devenu en 2020 le premier poste d’exportations hexagonales et a dégagé un excédent de 24 Md€, supérieur à celui de l’aéronautique.


Bref, la machine redoutable d’enrichissement des milliardaires ne doit pas voiler le fait qu’avec elle s’est bâtie une vraie force de vente sur des marchés dynamiques, un maillage de boutiques à travers le monde, véritable tête de gondole du made in France, mobilisant des compétences sur les territoires avec des effets d’image et de réputation qui étendent leurs effets bien au-delà du luxe stricto sensu.


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