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Macron se prend l'effet boomerang de l'Etat réparateur social

Publié le vendredi 1 février 2019 . 5 min. 31

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La révolte des gilets jaunes a de multiples visages. On le sait. Mais c’est bien la figure du travailleur qui ne parvient plus à joindre les deux bouts qui est la plus emblématique de ce mouvement. Ou celui qui ne parvient pas à vivre de sa retraite après des années de labeur. La voix des chômeurs est à peine audible, couverte par celle des working poors, confrontés à la difficulté des fins de mois. Certains y voient la réminiscence d’une lutte des classes que l’on aurait enterrée trop vite. Et pourtant, alors même que c’est la difficulté de vivre décemment de son travail qui est au cœur des préoccupations, ce n’est pas la figure antagonique du patron sur laquelle se focalise la colère, mais sur celle de l’État. Il y a là quelque chose de paradoxal, alors même que l’Etat est de plus en plus sorti du jeu de la formation des salaires en France comme dans la plupart des pays développés.


C’est un faux paradoxe. La libéralisation des économies a incontestablement réduit le pouvoir de négociation des salariés les moins qualifiés. Il a fragilisé le statut au travail ne nombreux participants, les plaçant dans un halo de l’emploi. Tous ceux notamment qui travaillent par intermittence sur des CDD courts, ou sur un temps partiel non souhaité, ne parvenant pas à se constituer un revenu complet. Ceux-là ne sont pas protégés par le SMIC, à échelle mensuelle ou annuelle, faute d’un temps de travail suffisant. Il y a les intérimaires aussi, pour partie, très exposés aux aléas conjoncturels. Il a aussi les apprentis, dont la rémunération déroge au SMIC. Et puis, il faudrait ajouter les indépendants, et en leur sein, les auto-entrepreneurs, qui deviennent de plus en plus des travailleurs à la tâche, ne parvenant pas à se constituer un revenu décent.


Dégradation souterraine du marché du travail


Toutes ces catégories sont relativement stables en France. Difficile d’exhiber des courbes spectaculaires qui illustreraient une précarisation massive. Mais mis bout à bout, la somme de ces petits ruisseaux de la précarité finissent par faire masse, de façon plus ou moins insidieuse. Sur 26,9 millions de personnes en activité, il y avait 20 millions de CDI, 75 % contre 77% en 2007. A priori tout va bien pour eux… mais c’est oublier qu’en leur sein, il y a 1,5 à 1,6 millions de salariés à temps partiels qui voudraient travailler sur des durées plus longues. A côté de ces CDI, il y a les CDD 2,6 millions de personnes. Là encore leur part dans l’emploi n’a pas explosé, 9,6% en 2017 contre 8,4 % en 2007. En revanche, le turnover de ces emplois a explosé, les CDD étant recruté sur des durées de plus en plus courtes. Les risques de discontinuités de rémunération se sont donc accrus. A cela il faut ajouter les 1 million d’intérimaires et d’apprentis, plus exposés que d’autres à la sous-rémunération. Et enfin 3,1 millions d’indépendants, dont la capacité à produire un revenu décent s’est fortement dégradée. Cela est dû à la montée en puissance des auto-entrepreneurs, dont le revenu d'activité moyen est huit fois moins élevé que celui des non-salariés classiques. Cette montée du halo de l’emploi, qui recouvre une dégradation souterraine du marché du travail, on la retrouve aussi de façon manifeste dans la montée des chômeurs de catégorie C et D, c’est-à-dire des chômeurs en activité réduite, à la recherche d’un job plus satisfaisant…


Revenu décent : l’État, maître du jeu


Et dans le prolongement de cette précarisation rampante, les inégalités primaires, c’est-à-dire mesurées avant impôts et transferts sociaux, se sont fortement creusées en France, comme en atteste le coefficient de Gini qui mesure la distribution du revenu disponible à l’échelle des ménages. Et ces inégalités primaires sont particulièrement marquées en France en dépit du SMIC. Après impôts et transferts sociaux, il en est tout autrement. L’appareillage socialo-fiscal français fait son œuvre de réparation et de redistribution. Et ce faisant, face aux dégâts de la concurrence, l’Etat est bien devenu l’acteur central de la formation des revenus des travailleurs les plus précaires. Les gilets jaunes se tournent vers l’État car en effet c’est bien lui le maître du jeu de la formation d’un revenu décent. Il suffit là encore de regarder l’évolution du nombre de bénéficiaires adultes du système du RSA activité devenu prime d’activité pour saisir l’importance du rôle de l’Etat, dans ce qui fait figure d’ébauche de revenu universel en France.


L’économie de marché avait vocation à sortir l’Etat du jeu de la formation des rémunérations. Paradoxalement, elle le replace au cœur, par sa fonction réparatrice, décisive pour assurer les fins de mois. Et c’est cet effet boomerang que l’exécutif se prend en pleine face aujourd’hui.


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