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Que sait-on du partage de la valeur ajoutée depuis la succession des crises à partir de 2008 ? Ceux qui veulent croire en une victoire du travail disposent de tous les éléments pour en attester. Or c’est très probablement faux. Et le capital sort plutôt gagnant de cette séquence.


C’est un sujet qui exige malheureusement quelques prolégomènes. Car le concept est faussement limpide. A priori il s’agit d’un ratio basique, consistant à rapporter rémunérations versées par les agents productifs, à la valeur ajoutée produite sur le territoire. Malheureusement ce n’est pas si simple, pour de multiples raisons. Il y d’abord l’écueil de l’équivalent salarial des travailleurs indépendants. Les indépendants touchent un revenu mixte, hybride, dont on ne sait pas la part qui rémunère le travail ou le capital. Par convention, on affecte aux indépendants une rémunération par tête équivalente à celle des salariés du même secteur. Il y’a ensuite tous ces secteurs dont l’évaluation de la valeur ajoutée fait l’objet de conventions fortes : le secteur des administrations, dont les services rendus sont évalués comme la somme des coûts du secteur. Ce qui crée par construction une inertie du partage dans ce secteur. Celui des services immobiliers, où ce qui fait office de numérateur est l’ensemble des services de logement rendus aux locataires mais aussi, ceux que les propriétaires se rendent à eux-mêmes. Une production largement fictive que l’on rapporte à la rémunération des professionnels de l’immobilier. Deux choses qui n’ont pas grand-chose à voir. Idem pour les services financiers, dont la valeur ajoutée est estimée sur la base de conventions très arbitraires.


Partons malgré tout de la série la plus standard. Celle portant sur l’ensemble de l’économie et intégrant le travail indépendant sous l’hypothèse que sa rémunération par tête est identique à celle des salariés. Que nous dit-elle ? Que le travail est sorti gagnant de la crise financière et que sa part a parfaitement résisté, voire s’est renforcée depuis le Covid. Si j’exclue maintenant les secteurs les plus litigieux, le non marchand l’immobilier et la finance, on arrive à un résultat assez similaire. Le résultat est plutôt contrintuitif lorsque qu’on le rapproche de ce que l’on sait des profits records des grands groupes, de la sous-indexation des salaires sur l’inflation et surtout de la montée des dividendes perçus par les ménages dans le PIB. Comment expliquer une distribution généreuse des profits si la rémunération du capital sort affaibli du partage ?


Le thermomètre, dont on a souligné d’entrée les faiblesses est-il à ce point douteux ? Oui pour deux raisons. 1/ L’hypothèse consistant à affecter une rémunération par tête égale à celle d’un salarié est plus que friable. Surtout dans une période où le recours accru au freelance et à l’auto-entrepreneuriat constitue un dispositif visant à modérer les coûts des entreprises. Il suffit d’observer sur longue période l’aberration que produit l’hypothèse lorsqu’on l’applique au petit personnel non salarié de la restauration et de l’hôtellerie ou des services au ménage : un ratio supérieur à 200% en début de période dans l’hôtellerie-restauration et proche de 100% dans les services aux ménages enfin de période, qui démontre à quel point il n’y a souvent rien à voir entre la rémunération des salariés d’un secteur et celle des indépendants précaires, de ce même secteur. Deuxièmement, depuis 2008, la part des travailleurs indépendant a fortement augmenté dans de nombreux secteurs de services, souvent précarisés, uberisés. Leur affecter la rémunération moyenne des salariés en place surévalue indéniablement la part de la rémunération du travail dans ces secteurs.


Il reste alors un autre juge de paix, consistant à se focaliser sur le partage de la valeur ajoutée uniquement sur le périmètre des seules sociétés non financières, qui de par leur statut mobilisent leur main d’œuvre sur la base du salariat. Le message sur le long terme est peu modifié, néanmoins la fin de période paraît moins favorable au travail. Après l’embardée de 2008-2009, on assiste plutôt à une érosion de la part du travail et à son retour sur ses basses eaux des années 90. De surcroît, les sociétés non financières ne nous racontent pas toute l’histoire du partage de la valeur ajoutée. Car ces mêmes sociétés ont développé sur la même période le recours au freelance et à l’intérim. Des formes moins onéreuses et continues  de travail, comptabilisées en prestations de services, ne figurant pas de la sorte dans la ligne rémunération. Pour connaître le vrai partage, il faudrait pouvoir réintégrer ces formes indirectes de travail, chose impossible en l’état de la comptabilité.


Demeure un secteur qui mérite une attention particulière, car peu pénétré par le travail indépendant et peu soumis à des conventions comptables hasardeuses, celui de l’industrie. Or ce dernier nous interpelle bien plus fortement sur la tendance au dévissage de la part du travail. Du fait de deux secteurs notamment en fin de période, l’alimentaire et de l’énergie, ceux qui ont le plus usé de la hausse des prix pour doper leurs marges sans en faire profiter leurs salariés. La composante de l’offre, plus exposée que d’autres à la concurrence, a le mérite de nous raccorder à une histoire plus conforme à ce que nous suggèrent les bourses. C’est bien le capital, et non le travail, qui sort renforcé de la séquence post-2008.


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