Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
Concentrer et écourter l'effort de consolidation, voilà le choix tactique du gouvernement. Entre les recettes nouvelles et les coupes de dépenses promises ou votées entre juillet et septembre, ce seront 45,2 milliards d'euros qui seront prélevés sur les ménages et les entreprises l'an prochain.
Le pari que fait le pouvoir c'est que l'épargne française abondante jouera le rôle d'amortisseur. La concentration de l'ajustement sur les revenus supérieurs et sur les grandes entreprises y contribuerait. Le matelas de liquidité et l'accès au crédit de ces catégories doivent lisser le choc. Mais avec cette tactique le gouvernement s'expose aussi à des effets collatéraux lourds de conséquences. Le risque est de voir la France établir un nouveau record en termes de prélèvement obligatoire, avec des résultats faibles en termes de déficit. Un, il taxe les assiettes les plus mobiles ou du moins celles qui peuvent jouer au maximum l'optimisation fiscale… le retour sur impôt peut être en deçà de ses espérances. Deux, les PME, par capillarité seront touchées. Elles prennent de plein fouet les effets du ralentissement de la demande intérieure. Et c'est sur les PME… en tant que sous-traitants…que les grandes entreprises reportent une part de l'ajustement. Trois, c'est en période de faible trésorerie et de hausse du chômage que la rigueur budgétaire produit le plus de dégâts sur la croissance. L'Espagne et de l'Italie en font l'amère expérience. Malgré la rigueur ces pays font du sur place en matière de dette.
L'ajustement sera certes amorti par l'épargne. D'une part, parce qu'un tiers de la hausse d'impôt sur les ménages porte sur les revenus de l'épargne. Ces derniers ne seront donc pas réinvestis. D'autre part, parce qu'à 80 % les majorations d'impôts et de cotisation se concentrent sur les 10% les plus riches. Mais cela ne suffira pas. Le choc fiscal sera lourd d'effets en chaîne sur la pérennité de pans entiers du tissu d'entreprises.
Le choc amorti de demande privé se double d'un choc de consommation publique. Ce dernier joue instantanément sur l'activité. Une perte de 0,7 à 1 point de croissance est à attendre.
1. La profitabilité des entreprises grandes et petites va se dégrader. Alors qu'un nombre record de structures sont au bord de la rupture. Hausses d'impôt, ralentissement de la demande intérieure et durcissement des relations client/fournisseurs participent à ce mouvement.
2. L'imposition lourde des revenus mobiliers va freiner lourdement la création d'entreprises. La taxation des dividendes et des plus-values de cession atteint 60% avec la CSG pour la tranche supérieure du barème. L'investissement risque de se rabattre vers sur des véhicules non risqués, ou sur de la pierre, les œuvres d'art…
3. La hausse des charges sur les employeurs domestiques, le plafonnement des niches et les ponctions sur les hauts revenus va pénaliser les services à la personne. Plus généralement, c'est le processus de déversement de l'emploi sur les métiers de services et sur les professions indépendantes qui pourrait être grippé.
En première ligne du choc fiscal donc : le commerce, l'intérim, les services aux entreprises, les services domestiques. Reste une question lancinante : ce blitzkrieg fiscal ne va-t-il pas provoquer des dommages irréversibles sur un appareil productif déjà bien mal en point ? Cela passe ou cela casse.
Olivier Passet, Rigueur : ça passe ou ça casse, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mardi 9 octobre 2012 . 4 min. 10
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