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Vers une économie des services et de l'immatériel : c'est faux !

Publié le mercredi 13 octobre 2021 . 5 min. 49

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Pendant des années, nous avons pu croire que la dématérialisation de la croissance était l’alliée de la transition écologique. Les économies développées, se rapprochant de la satiété au plan matériel, étaient vouées à développer la strate informationnelle de l’activité humaine, sortant d’une logique quantitative pour s’orienter vers le qualitatif. Cette fameuse « économie de la connaissance », qui aurait le « cerveau d’œuvre » comme ressource principale, pour reprendre l’expression de Michel Volle, et non plus l’énergie. Elle poursuivrait son développement sur des améliorations de la sphère matérielle, efficacité énergétique, économie de matière par miniaturisation, design, branding déplaçant le désir sur la symbolique de la marque. Avec en ligne de mire : le développement des individus, par la formation, la culture, le loisir, la santé. S’orientant vers les solutions, plus que la possession des choses. Les ménages consommeraient notamment demain des services de mobilité, sortant du fétichisme de l’objet automobile. Ce qui permettrait d’optimiser le parc : covoiturage, multi-modalité des transports, sur-mesure. Tout cela devait éloigner la tentation de l’obsolescence accélérée, puisque les prestataires auraient intérêt à amortir et entretenir sur la plus longue durée possible un parc d’objets, d’immobilier ou d’équipement qui devient un support aux services.


Cette tertiarisation, et même cette « quaternisation » de l’économie, a bel et bien lieu. Les secteurs s’enrichissent ne nouvelles couches de services.  Allant de la maintenance à la livraison. Les services eux-mêmes paraissent s’émanciper de leur base matérielle : la culture, le divertissement se consomment de plus en plus en ligne, à très faible coût apparent.  La montée en puissance du télétravail permet de s’affranchir des bureaux.  Les modes de financement, location avec option d’achat ou longue durée en matière automobile, les abonnements en tout genre, accélèrent notre conversion en utilisateurs plutôt qu’en propriétaires des biens.  Et les plateformes (Airbnb, uber etc.), étendent aux autres, l’usage de ces mêmes biens. Sans conteste, ce qui devient moteur dans l’économie, c’est la face dématérialisée de l’activité humaine.  La Web économie, le commerce en ligne, la santé, concentrent tous les espoirs de création de valeur comme en témoigne la bourse américaine.


Derrière la virtualité, une trame matérielle très lourde


Tout cela semble aller dans le sens d’une amélioration de l’efficacité des produits. Toujours plus d’accès, avec moins de matière embarquée, et un prix qui baisse au point de s’approcher de la gratuité. Résultat, comme le surligne Pierre Veltz dans son dernier ouvrage, l’augmentation de la consommation annule et dépasse le gain réalisé… C’est le fameux effet rebond ou Jevons. La planète augmentée fourmille de milliards de milliards d’interactions nouvelles.


Et derrière cette hyper-fluidité, cette virtualité, légèreté de surface, une trame matérielle très lourde : « un back-office labyrinthique d’objets et de processus dont on ne cerne plus les limites ».  Des terminaux, des cartes mères, par milliards, des terres et des métaux rares (or, cuivre, argent, lithium, etc.), des substances toxiques (oxyde de baryum, béryllium, mercure, chlore, arsenic, etc.), des centres de données, des infrastructures de refroidissement, des serveurs par millions, des centrales électriques, et 930 000 km de câbles qui maillent le fond des océans, des réseaux cuivre, fibres optiques, etc. In fine, entre le coût énergétique de visionnage d’une vidéo sur Netflix, que perçoit l’utilisateur, et l’énergie réellement consommée, il y a un rapport de 1 à 2000.


Et de fait l’Internet est très énergivore. En arrière-plan de ce réseau, toujours en pleine expansion, il faut l’équivalent de 40 à 100 centrales nucléaires pour fournir l’énergie nécessaire. Selon certaines prospectives, la consommation électrique du web absorberait en 2030 toute la consommation mondiale d’électricité de 2008. Et le numérique représenterait 8% des émissions de gaz à effet de serre dès de 2025, soit l’équivalent du parc automobile et des deux roues aujourd’hui.


Des taxes inefficaces


Face à des croissances exponentielles que peut une taxe carbone ? Sur le territoire ou aux frontières ? Pas grand-chose :


1. Les pays pratiquent le dumping fiscal pour attirer sur leur territoire les fermes de données géantes de l’internet. À l’instar des l’Islande qui se rêve en terre promise des data centers.
2. Ces taxes deviendraient-elle effectives, ce n’est pas l’utilisateur final qui en supporterait le coût, modérant ses usages, mais la myriade des entreprises qui achètent des données ou de la Pub sur le Net. La taxe essaimée affecterait le prix de multiples produits, indistinctement de leur contenu carbone.
3. Enfin, imaginons qu’elle soit efficace et c’est tout le système productif et social qui risque l’embolie sans une infrastructure devenue essentielle.


Et pendant que les gouvernements bâtissent les agendas d’une décarbonation improbable, que les économistes conçoivent des taxes inefficaces, la locomotive immatérielle tourne à pleine vapeur et s’emballe toujours plus.


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