Depuis Pierre-Joseph Proudhon, une partie de la France pense que la propriété, c’est le vol.
Les actionnaires ? Des obsédés du dividende. Les capitalistes ? Des exploiteurs de salariés. Les bailleurs ? Des affameurs de locataires.
Rappelez-vous, la loi climat et énergie, avant l’été. Les députés s’en étaient donnés à cœur joie. Les uns pour interdire la location des passoires thermiques. Les autres pour imposer un séquestre de 5% sur le prix de vente d’un logement audité comme énergivore.
Que les marchands de sommeil soient pourchassés, les loueurs responsabilisés, les occupants protégés, rien à dire.
Mais faire des propriétaires, présupposés rentiers aisés, des boucs émissaires fait frémir.
Après l’encadrement des loyers, le relogement préalable à l’expulsion, le permis de louer et autres pesanteurs administratives, ces nouvelles atteintes au droit de propriété devraient suffire à effrayer les législateurs, tant elles attentent à la liberté individuelle.
En faut-il davantage pour les inciter à la prudence ? Ces attaques répétées au droit de possession vont d’évidence accentuer la crise du logement. Car l’interventionnisme sur les normes, règles et tarifs finit par fausser le marché. C’est bien évidemment l’offre qu’il faut libérer plutôt que de l’entraver, la bloquer, la contrôler.
Mais non, c’est sus à la propriété !
On rappellera donc que notre droit civil remonte à Rome, qui dès l’origine consacre la liberté d’entreprendre, le droit de faire valoir ses droits en justice ET le droit de propriété.
On rappellera donc, avec les penseurs libéraux, que la liberté ne sert à rien sans cadre légal strict, c’est-à-dire sans respect du contrat, sans pouvoir judiciaire honnête et sans garantie de la propriété privé.
On pourrait y ajouter sans responsabilité individuelle.
L’économiste libéral péruvien Hernando de Soto a montré qu’une manière de lutter contre la pauvreté était de reconnaître un droit de propriété aux plus modestes. Contre Marx, il explique que le vice de l’économie moderne n’est pas la concentration de capital, mais l’absence de capital. Les plus pauvres travaillent dans le secteur informel, mais sans ce droit de propriété, même modeste, qu’ils pourraient faire fructifier, céder, transmettre.
Comme le résume joliment l’essayiste Mathieu Laine, la propriété, ce n’est pas le vol, mais l’envol.
Cela nous mène, me direz-vous, bien loin de nos riches contrées. Et de notre crise du logement…
Pas tant en fait.
A force de restrictions, sources de moindre rentabilité, les propriétaires bailleurs vont laisser leurs biens se dégrader faute d’entretien, préféreront la vacance à la location, renonceront à investir dans des projets neufs, passeront par AirBnB. Les coups de canif à la propriété, aussi petits soient-ils, accélèrent la pénurie et le délabrement en précipitant la grève des propriétaires.
Publié le vendredi 30 août 2019 . 3 min. 34
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