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L'entreprise face au dilemme bienveillance contre intérêt privé

Publié le jeudi 21 octobre 2021 . 4 min. 17

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La grande sociologie américaine Daniel Bell a montré dans les années 70 que le capitalisme était structuré par ce qu’il appelle une contradiction culturelle. Celle-ci s’origine dans le fait qu’il lui faut sans cesse concilier trois sphères qui fonctionnent selon des principes totalement hétérogènes. Tout d’abord, la sphère socio-économique régie par le principe d’efficience, puis la sphère politique guidée par un principe d’égalité et enfin la sphère culturelle essentiellement vouée au culte de l’épanouissement personnel et de l’accomplissement. Les tensions qui peuvent exister entre ces trois principes structurent encore largement tout un ensemble de décisions qui affectent notre vie quotidienne. Même si la nature du problème n’a pas fondamentalement changé, il est possible que la question se pose aujourd’hui en d’autres termes, du fait notamment de l’emprise croissante des entreprises et des marques sur notre vie. L’entreprise est une notion floue (car contrairement à la société, elle n’a pas d’existence juridique) qui se positionne quelque part entre l’Etat et la société civile, d’où sa volonté de jouer un rôle politique, tout autant que social et culturel. Ce poids à la fois économique et symbolique acquis par l’entreprise lui a permis de faire main basse sur l’éthique, comme l’expliquait déjà il y a 30 ans un consultant devenu le premier PDG du CAC 40 à se fracasser sur les rives de l’entreprise à mission. Il ne s’agit pas ici de discuter de la légitimité ou non de l’entreprise à labourer le champ éthique, mais plutôt de s’interroger sur la contradiction éthique que pose l’emprise des entreprises sur la société et la vie. Comme le rappelle justement Edgar Morin, lorsqu’il » s’agit d’obéir à un devoir simple et évident, le problème n’est pas éthique, il est d’avoir le courage, la force, la volonté d’accomplir son devoir » Le problème éthique ne surgit que lorsque deux devoirs antagonistes s’imposent. Et il semblerait que l’excès d’impératifs qui pollue aujourd’hui la communication des entreprises ne fasse qu’accroître cette difficulté éthique. C’est le problème de la banalisation qui guette la raison d’être des entreprises se déclinant trop souvent sous la forme d’injonctions paradoxales. Tout le monde a bien compris la contradiction à laquelle est confrontée l’entreprise est de décélérer tout en continuant à créer de la valeur économique. Pourtant, cette contradiction qui reste un impensé majeur du discours ambiant se cristallise sur une autre dialectique. Celle qui oppose d’un côté une éthique de la bienveillance qui n’est trop souvent qu’une dégoulinade de bons sentiments (l’entreprise se préoccuperait de notre bien-être et de celui de ses salariés). Et de l’autre une éthique de l’intérêt qui renvoie à la brutalité du monde du travail, au monde de la compétitivité et de la performance et à la figure d’un homme devenu objet.


Or, cette contradiction est à la base de la pensée économique. C’est ce qu’on appelle communément le problème Adam Smith. Comment comprendre en effet que le même homme ait pu écrire une Théorie des sentiments moraux qui fonde les rapports sociaux sur les sentiments altruistes et la sympathie et la Richesse des Nations qui nous explique que l’être humain est mu par un sentiment foncièrement égoïste ? Pour résoudre ce problème, il nous faut considérer que l'intérêt et la sympathie ne s’opposent pas. L’intérêt n’est finalement qu'une des formes économiques de l'amour de soi qui nous permet de nous identifier et de nous relier à autrui. De la même façon, l'économique ne s'autonomise pas tant des autres ordres humains qu'il n'est la condition de possibilité de l'émancipation de l'ordre humain lui-même. Voici pourquoi il est tout à fait envisageable de concilier une morale commune fondée sur le désir de vivre ensemble et de partager et une morale économique fondée sur l’intérêt et la création de valeur.


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