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L'entreprise providentielle est-elle un mythe ?

Publié le mardi 31 janvier 2023 . 4 min. 18

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La notion d’entreprise est vague. Rappelons que contrairement à la société, l’entreprise n’a pas d’existence juridique. C’est une notion floue qui se balade quelque part entre l’Etat et la société civile. La tentation est justement très forte de s’ériger entre l’Etat et la société civile en préemptant l’idée de bien commun. Même s’il est possible de projeter de nombreux traits anthropomorphiques sur l’entreprise en considérant que c’est un être vivant, dotée d’une personnalité, d’une identité, voire d’une âme, l’entreprise n’a pas de personnalité morale. C’est fondamentalement un être profane. Et ce à double titre.

Tout d’abord parce que contrairement à celle de tout être humain, son existence n’a aucun critère de sacralité : n’étant ni une personne, ni un être issu du monde naturel, l’entreprise est en permanence sommée de justifier son existence.

Ensuite parce que l’histoire même de la notion d’entreprise est liée au saccage et donc à la profanation des ressources. Jusqu’à preuve du contraire, l’entreprise est en grande partie responsable du saccage de la planète et du pillage des ressources naturelles.

C’est pourquoi, l’idée même d’entreprise providentielle est un mythe. Car un mythe n’est pas simplement une histoire à laquelle adhère un collectif, mais la résolution d’une contradiction culturelle. L’entreprise providentielle est un mythe au sens où c’est un récit culturel qui véhicule l’idée que l’entreprise serait capable de résoudre des problèmes que son existence même a généré.


Entendons-nous bien. Cela n’empêche nullement qu’une entreprise puisse avoir une raison d’être qui dépasse la seule question de la création de la valeur économique. La question est de savoir quelles sont les frontières désirables de cette raison d’être. Les entreprises ont toujours eu un rôle social, culturel et il est clair que certaines d’entre elles ont affecté de façon significative la société. McDonald’s a par exemple permis à des milliards de gens d’aller au restaurant, Décathlon a largement démocratisé de nombreuses pratiques sportives et Bic est, pour reprendre le mot d’Umberto Eco, « le seul exemple de communisme qui ait réussi ».

L’idée d’entreprise providentielle réactive une vieille rengaine anthropologique liée à la question des sociétés sans Etat. On peut d’ailleurs se demander si le mythe de l’entreprise providentielle ne renvoie pas finalement à l’idée d’une entreprise contre l’Etat, à savoir que l’entreprise en s’arrogeant des fonctions régalienne (protéger, rassurer, informer, etc.) ne serait qu’un outil pour remettre en question la notion même d’Etat. Cette vision d’une entreprise Big Mother, à la fois totalitaire et maternante n’est pas sans rappeler le fonctionnement des sociétés analysées par Pierre Clastres dans lesquelles il est toujours possible pour tel groupe de faire sécession et de faire acte de fondation ailleurs, à partir du moment où il n’existe pas de pouvoir centralisé. Clastres décèle dans les sociétés sans Etat l’exercice de la division, producteur du multiple, sans lequel les sociétés sauvages ne sauraient échapper au règne de l’Un.

En s’érigeant en faiseur de paix et en pourvoyeur d’un bien-être individuel et collectif, l’entreprise viserait in fine à interdire l’émergence d’un pouvoir politique central et séparé. Ne s’agirait-il pas d’une sorte d’anarchisme déguisé se cachant derrière ce récit de l’entreprise providence ?


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