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Comment une femme qui dirige une entreprise doit-elle s’habiller ? Même si on ne compte qu’une seule femme à la tête d’une entreprise du CAC 40, l’habit peut représenter une clé de lecture intéressante pour comprendre leur intégration sinueuse dans les instances de direction des entreprises françaises. A la question de savoir quel rôle joue leur tenue dans cette intégration Emma Gaudu-Lemesle répond dans un mémoire très original présenté à l’IFM.


Un vêtement n’est jamais qu’une protection ou une parure, il a toujours une fonction symbolique. Une tenue propre et nette renvoie par exemple à des aptitudes supposées d’organisation et d’efficacité. Le vêtement est une manière de parler de soi qui obéit à des contraintes de l’ordre de la sociabilité et de la représentation. Que dire de soi avec un langage vestimentaire à la fois lisible et visible ?


Le vêtement est d’abord un outil d’intégration et d’acceptation sociale des femmes, notamment dans le monde de l’entreprise. Les choix vestimentaires des cadres font partie d’une véritable stratégie professionnelle. Il s’agit de se démarquer des autres tout en offrant une image respectable et sérieuse, autant à ses supérieurs qu’à ses clients. Mais cette volonté de démarcation expose les femmes qui désirent occuper des postes à haute responsabilité à un « plafond de verre, c’est-à dire pour reprendre les termes de la sociologue Jacqueline Laufer « l’ensemble des obstacles visibles et invisibles qui séparent les femmes du sommet des hiérarchies professionnelles et organisationnelles». N’oublions pas que l’accès au pouvoir ne dépend pas uniquement du mérite, mais de la capacité à s’insérer dans un système symbolique et des modèles managériaux masculins. Les femmes doivent donc contourner la norme culturelle d’un pouvoir masculin considéré comme légitime parce qu’il incarne et assure les finalités universelles des grandes organisations (faire circuler l’argent, appliquer le progrès technique, faire progresser la science). A cela s’ajoute le fait que le vestiaire professionnel des dirigeants est, dès le XIXème siècle, utilisé comme outil de communication des entreprises. Cravate et chemise droites caractérisent l’expert, « l’homme de confiance », qui contrôle méthodiquement ses émotions et son apparence. Le costume masculin évoque alors une esthétique bourgeoise blanche maîtrisée et idéalisée.  Les femmes doivent slalomer en permanence entre masculinité et féminité selon une logique de double standard. Afin de correspondre au mieux aux normes professionnelles attendues, les femmes ont recours au vestiaire masculin qu’elles articulent avec certains codes esthétiques féminins considérés comme indispensables comme le port de la jupe, de talons ou de maquillage.


Ce qui ressort de cette enquête c’est que la tenue quotidienne de ces femmes est composée de pièces qui concilient élégance et confort ; la plupart choisissent des chaussures plates et des silhouettes qui n’entravent pas leurs mouvements. Les tailleurs et talons sont rarement évoqués, On retrouve certains éléments du vestiaire professionnel masculin comme les couleurs sombres (gris, noir, blanc) et la veste de costume qui sert à « casser le côté décontracté » d’un jean, d’une chemise et de baskets. Elle permet aussi de marquer la différence entre une période de travail normale et une réunion ou un évènement plus important. La tendance est donc au casual chic. Le noir y occupe une place préférentielle car il est élégant, facile à assortir et sobre. En présence de la hiérarchie, la tenue vestimentaire évolue : une veste, des talons, du maquillage, du parfum vont devenir des symboles de crédibilité et de respect. Lors de réunions importantes. Il faut alors être à la hauteur, donner la meilleure image de soi, comme un crédit du niveau de professionnalisme. Par ailleurs, Emma Gaudu-Lemesle constate que les normes vestimentaires du CAC 40 tendent à s’assouplir, notamment suite à la pandémie du COVID 19 et à l’émergence d’une mode unisexe.


Cette analyse du vestiaire féminin des cadres dirigeantes montre que les femmes développent en permanence des stratégies vestimentaires adaptatives, ajustant les codes au contexte et aux interlocuteurs qu’elles côtoient. Comme quoi, l’habit ne fait pas le moine, mais il permet de rentrer au monastère… et d’y rester…


Référence :


Emma Gaudu-Lemesle, L’uniforme invisible des femmes, Etude des cadres du CAC 40, Thèse professionnelle sous la direction de David Zajtmann, IFM, 2021.


Publié le mercredi 30 mars 2022 . 4 min. 57

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