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Qu’est-ce qui nous pousse à tenir ou pas une promesse que nous avons faite ? La question se pose pour chacun de nous mais aussi pour toutes ces entreprises qui se gargarisent d’une raison d’agir qui dépasse largement la motivation du profit. La raison d’être est souvent un alibi facile pour déployer de grandes paroles humanistes et généreuses dont il est difficile de savoir, à défaut de critères, si elles sont tenues ou non.


La généralisation voire l’institutionnalisation du bullshit accrédite l’idée que beaucoup d’entreprises énoncent certains engagements qu’elles ne tiennent pas pour autant. Pourtant, la glorification de l’idée de responsabilité sociale des entreprises et le succès médiatique de la question de la raison d’être accréditent a priori l’idée que l’éthique des organisations dépend essentiellement de leur capacité à tenir parole. Sur des marchés régis par la défiance, le fait de respecter ses engagements permettrait d’établir les conditions de possibilité d’une confiance dans les relations marchandes et sociales. D’ailleurs, ne dit-on pas à propose de la marque que c’est un contrat, voire un contrat de confiance (pour reprendre l’adage d’une célèbre enseigne) qu’une entreprise établit avec ses clients et de multiples parties prenantes ? Comme si les organisations avaient un devoir moral de dire ce qu’elles font et de faire ce qu’elles disent. Mais tout cela est-il bien crédible si l’on considère que les promesses n’engagent que ceux qui les entendent ou ceux qui les croient ? La promesse est ce bien humain qui renvoie à la capacité de faire faire quelque chose à quelqu'un sans utiliser la force physique, l'obéissance ou la manipulation psychologique et affective. On peut légitimement penser que cette promesse est une nécessité pour la vie sociale faite de dépendances mutuelles. La capacité qui est la mienne de m’engager en donnant ma parole à autrui est aussi ce qui fait de moi un être moral. Pourtant le lavage de cerveaux et le mensonge institutionnalisé semblent édifier la norme d’un capitalisme cynique qui tient pour acquis qu’il importe peu de tenir parole


Renversons alors le problème en nous posant la question suivante : y a t-il une raison valide pour qu’une entreprise puisse ne pas faire ce qu’elle promet ? Dans quelle mesure pouvons-nous justifier de ne pas faire ce que nous avons promis d’accomplir ?
C’est à cette question que Vincent Boyer consacre un passionnant travail d’enquête passant en revue les grandes théories morales qui ont pris en charge la question de la promesse. 


Il est vrai que la promesse engage a priori la dimension obligatoire de la parole donnée. Mais ce motif du devoir constitue-t-il à lui seul une véritable raison d’agir ?

Parmi toutes les philosophies de la promesse, il existe une doctrine qui permet de justifier le fait de ne pas tenir promesse en certaines circonstances. Il s’agit de la pensée utilitariste selon laquelle nous devons tenir nos promesses uniquement lorsqu'une telle action permet de produire de meilleurs conséquences, c’est-à-dire un meilleur état de choses. Dès lors, pour l'utilitariste, il pourrait être tout à fait rationnel — et donc naturel — de ne pas tenir sa promesse ; d'une part si agir de la sorte est dans notre intérêt ou satisfait notre désir, et d'autre part si cela ne risque en aucun cas de nuire à celui à qui on a fait cette promesse. Si bien qu’une promesse qui serait trahie sans causer le moindre dommage serait dépourvue de poids moral. L’utilitarisme fait donc valoir que la transgression d’une promesse peut se justifier par la poursuite d’un plus grand bien ; à condition que l’agent qui ne tient pas ses promesses donne les raisons de sa défection. Tel est précisément ce que nous attendons des entreprises qui ont trop bien compris que leurs clients sont facilement dupes de ce qui flattent leur orgueil et leurs désirs. Et comme le disait justement Jules Renard « c’est une duperie que de s’efforcer d’être bon »

Référence:

Vincent Boyer, Promesse tenue. Agir par devoir, Paris, Classiques Garnier, coll. « Philosophies contemporaines », 2021.


Publié le mardi 10 mai 2022 . 4 min. 17

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