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On ne se méfie jamais assez du pouvoir des formes. C’est pourquoi très souvent, nous ne voyons pas ce qui est pourtant là devant nos yeux. Je ne sais si, comme moi, quand vous pénétrez pour la première fois dans le siège social ou dans les bureaux d’une entreprise, vous portez attention aux éléments d’architecture et de décoration pour essayer de voir quelle organisation se cache derrière ces lignes ; ces meubles, ces motifs, ces couleurs.

Comme Gareth Morgan l’a montré dans son travail sur les images de l’organisation, la vie au sein d’une entreprise dépend d’une métaphore dominante qui structure ses systèmes de représentation. C’est pourquoi, on peut aisément distinguer l’entreprise qui se perçoit et se gouverne comme un organisme, celle qui se mentalise comme une culture, comme un cerveau, comme une prison du psychisme ou comme un instrument de domination. La métaphore dominante affleure en toute logique dans le logo et le système d’identité visuelle et c’est pourquoi il est important de réfléchir à cette question quand vous briefez une agence de design.

Mais la métaphore organisationnelle s’exprime également à travers des choix architecturaux et des modes d’organisation de l’espace de travail. Pour être plus précis, la question qui m’intéresse ici est de comprendre comment la question du pouvoir détermine les choix esthétiques d’une entreprise. Comme nous rappelle fort à propos Stanis Perez dans une formidable enquête sur les lignes et le pouvoir à l’âge classique, le pouvoir est une question de lignes. C’est un fait historique que depuis la Renaissance, l’Occident a commencé à penser le monde et les choses  partir de lignes droites et d’effets de symétrie en structurant l’espace sous la forme de plans en toiles d’araignée. La géométrie et ses divers avatars est ce qui a permis de structurer les savoirs et les pouvoirs. Cette mutation picturale qui s’est produite entre le 15e et le 17e siècle a largement influencé les idées et les comportements. Ainsi, « une allée tracée au cordeau dont on pense qu’elle satisfait notre sens inné de la géométrie, alors qu’elle est surtout une incitation discrète à marcher droit. » de la même façon, le fait de tracer ou non des frontières physiques entre des espaces (comme des bureaux par exemple) est l’expression d’une autorité qui a pour objet de fixer des limites et de dessiner des lignes afin de tracer des frontières qui, ne partagent d’ailleurs souvent que du vide. Sans parler de l’importance de la symétrie qui renvoie dans notre culture à un geste démiurgique. Comme le disait Arnaud d’Andilly, conseiller d’Etat et proche de Catherine de Médicis : « Dieu ne fait rien que dans une symétrie et une proportion admirable qui fait éclater sa sagesse et sa justice. ». Ainsi, poursuit-il « la symétrie rappelle quelque chose de mystérieux et d’inquiétant (et ) le pouvoir aime la symétrie puisqu’il aime à se contempler dans un délire narcissique et disciplinaire ». Les raffinements de la géométrie sont d’ailleurs une manière d’imposer une contrainte. De manière générale, toute figure géométrique sectionne la réalité en imposant un cadre restrictif une sorte de camisole visuelle tellement évidente et banale qu’on ne la remarque guère. Pensez par exemple à la façon dont la forme de la fenêtre de votre bureau conditionne votre perception du monde extérieur.


Mais il est clair que c’est la figure de la toile d’araignée qui incarne le mieux le pouvoir. Symétrique, concentrique, organisée en un filet à peine visible, cette « sécrétion artificieuse et magistrale » comme le disait d’elle Leonard de Vinci prolonge le corps même du prédateur. Le tissage ainsi obtenu offre quand il devient opérationnel le spectacle d’une proie condamnée à attendre son sort, immobilisée mais opportunément vivante. Car finalement à quoi bon tout dévorer si les fils sont assez solides. C’est pourquoi le pouvoir se niche toujours dans les ramifications. Il est essentiellement textile car il consiste à se ramifier et  tout ramifier. Tel le Roi Soleil, qui, se confondant avec l’Etat, s’emploie à tisser des liens – et parfois à les couper -, à tracer des lignes et des routes, regarder des plans et à se tenir tout près des bornes de son autorité. C’est pourquoi, que votre entreprise soit libérée ou pas, il convient toujours de se méfier des lignes trop droites … et des araignées !


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