En quelques années, la question du leadership au féminin est devenue un véritable sujet de société dans de nombreux pays occidentaux et c’est justice car outre les inégalités de traitement, les femmes constituent au moins la moitié de la population mais leur représentation dans certains cercles du pouvoir est encore très souvent marginale.
« On ne nait pas femme, on le devient »
Un exemple flagrant est la faible proportion de femmes dans les Comités Exécutifs des grandes entreprises : à peine 12% en 2017 .
Cette situation inique n’est certainement pas le résultat d’une différence biologique entre les hommes et les femmes sauf pour les adeptes de l’essentialisme qui s’acharnent à penser qu’il existe une psychologie associée au genre, déterminée à la naissance.
Pour eux, il y a d’un côté les hommes, par essence dominants, conquérants et prédestinés à occuper les plus hautes fonctions. Et de l’autre les femmes, fondamentalement passives, soumises et douées pour les tâches subalternes.
Les travaux de Karl Popper dans les années 40 ont pourtant démontrés combien il est pernicieux de classer les humains par catégorie plutôt que de chercher à définir ce qu’est l’humain.
Mais qu’importe, il est toujours plus commode d’assigner des pratiques sociales à un genre plutôt que d’appréhender la complexité inhérente à la nature humaine.
En réalité, le conformisme social du genre est largement influencé par l’histoire, les traditions, l’apprentissage, la religion, les médias, les arts… En un mot, par la civilisation à laquelle nous appartenons. C’est ainsi ce que la plupart des rôles attendus ou imposés sont très largement le fruit d’une construction sociale.
« On ne nait pas femme, on le devient » disait Simone de Beauvoir.
Libres d’agir sans se conformer aux normes sociales
L’évolution de notre perception du rôle des femmes est donc largement subordonnée à l’évolution de notre civilisation. D’ailleurs, le bouleversement que nous vivons actuellement en France où, grâce à l’intervention du législateur et à l’hyper-communication ambiante, les cœurs et les esprits s’émancipent progressivement de cette idée simpliste de l’existence d’une complémentarité sociale exclusive entre les hommes et les femmes.
Dans ces conditions, peut-on affirmer qu’il existe un leadership féminin, moins autoritaire, plus coopératif et protecteur que celui exercé par des hommes ?
• Certainement, si l’on s’en réfère aux thèses essentialistes qui stéréotypent le rôle des femmes au travail souvent justifiée par leurs prédispositions maternelles.
• Certainement pas, si l’on admet que le rôle des femmes dans une société moderne doit être celui de leur liberté et notamment leur liberté de tirer profit de leurs capacités intellectuelles et sociales indépendamment de leur genre.
Ainsi libérées du carcan essentialiste, les femmes n’ont plus à se conformer à certaines normes sociales pour agir. Elles peuvent alors manager et diriger en fonction de leurs capacités, de leurs préférences et leur compréhension personnelles du contexte dans le lequel elles sont censées exercer leurs responsabilités.
Le leadership féminin apparait alors comme un sujet avant tout lié à l’égalité des chances. Et comme le dit Stendhal, si cette égalité des chances était parfaite, ce serait la marque la plus sûre d’appartenir à une civilisation moderne car cela permettrait automatiquement de presque doubler les forces intellectuelles du genre humain.
Publié le lundi 02 juillet 2018 . 3 min. 20
Les dernières vidéos
Management et RH
Les dernières vidéos
d'Eric-Jean Garcia
LES + RÉCENTES
LES INCONTOURNABLES