Au début du siècle dernier, Henri Ford, le dirigeant-fondateur du célèbre constructeur automobile éponyme avait coutume de dire : « Les deux choses les plus importantes dans une entreprise n’apparaissent jamais à son bilan : sa « réputation » et ses « hommes ».
Des années plus tard, dans leur bestseller mondial « le prix de l’excellence », les consultants Tom Peters et Robert Waterman affirmaient que si une entreprise souhaite développer sa productivité et obtenir les résultats financiers qui vont avec, elle doit impérativement traiter ses employés comme l’actif principal de son capital. Aujourd’hui encore on retrouve cette idée dans le bestseller de l’homme d’affaires Vineet Nayar dont le titre est on ne peut plus explicite : « Les employés d'abord, les clients ensuite ».
A une époque où le bien-être au travail devient un objectif de portée stratégique pour un nombre grandissant d’entreprises, on redécouvre certaines vertus du mouvement des Ressources Humaines initié dans les années 50 par Elton Mayo, un célèbre psychologue et théoricien des organisations qui démontra combien la productivité dépendait de facteurs informels et notamment la nature des relations sociales au sein des équipes de travail. Autrement dit, les facteurs de performance ne sont pas tous prescriptibles dans des procédures. Il faut aussi compter avec le facteur humain et ses multiples sensibilités.
Mais si le facteur humain est incontestablement un sujet central pour toute organisation, faut-il pour autant l’exalter au point de l’essentialiser ? On pressent dans cette démarche, une forme de déterminisme social susceptible de déresponsabiliser le salarié face aux défis auxquels sont confrontées la plupart des entreprises aujourd’hui notamment en termes d’agilité et de coopération.
S’il incombe aux dirigeants et aux managers de faire le pari de l’intelligence des acteurs en créant un environnement de travail qui offre aux salariés la possibilité de montrer de quoi ils sont capables, cela ne veut pas dire que le salarié est un acteur passif nécessairement bienveillant, dans l’attente que l’on s’occupe correctement de lui afin qu’enfin il puisse donner le meilleur de lui-même.
En fait, l’expérience de la nature humaine montre qu’au sein d’un collectif, les motivations ne sont pas univoques et certaines personnes sont mieux intentionnées que d’autres. C’est sans doute ce qui fait dire à André Malraux dans son dernier roman Les Noyers d’Altenburg. « Pour l'essentiel, l'homme est ce qu'il cache : un misérable petit tas de secrets ».
Voilà pourquoi, l’argument selon lequel l’humain est l’actif principal des entreprises n’est peut-être qu’un euphémisme. Et Jim Collins aurait alors raison de souligner dans un de ses ouvrages qu’indépendamment de leur niveau de responsabilité, ce sont d’abord les personnes qui ont des qualités humaines et morales irréprochables qui constituent l’actif principal des entreprises.
Publié le vendredi 05 juillet 2019 . 3 min. 01
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