Faire confiance ? Les avantages...et les risques

Faire confiance, c’est accepter d’être vulnérable vis-à-vis d’autrui. C’est être disposé à prendre des risques sans craindre qu’on en profite pour vous exploiter. C’est se rendre fragile. Or, cette vulnérabilité acceptée peut découler de plusieurs sources. Vous aurez ainsi tendance faire confiance à quelqu’un qui aura démontré sa compétence ou son savoir-faire. C’est par exemple la confiance que vous avez à l’égard de votre médecin ou de votre garagiste. La confiance peut aussi être inspirée par quelqu’un qui, par ses actes, a déjà fait preuve de bienveillance, et dont vous avez déjà constaté les bonnes intentions. Plus largement, vous donnerez votre confiance à celles et ceux dont le comportement passé vous encourage à penser qu’ils en sont dignes. Cette intégrité, et surtout sa prévisibilité, sont des éléments essentiels à l’établissement d’une relation de confiance.

Dans les organisations, la confiance présente un avantage majeur : elle coûte beaucoup moins cher que les multiples mécanismes de contrôle que vous mettrez en place pour pallier son absence. Si vous n’avez pas confiance en vos collaborateurs ou vos fournisseurs, où même seulement en une fraction d’entre eux, vous allez vous doter de systèmes permettant de tous les contrôler, comme une pointeuse, des audits, voire des caméras de surveillance et des GPS. Or, bien entendu, tous ces systèmes ont un coût, que des relations de confiance permettraient d’éliminer. Le contrôle joue d’ailleurs un rôle paradoxal à l’égard de la confiance : plus vous contrôlez, plus vous signifiez votre défiance à l’égard de ceux que vous contrôlez, moins ils ont confiance en vous, ce qui les pousse à contourner les contrôles, à rechercher leur propre intérêt, et donc à tricher. Tout comme la confiance se nourrit d’elle-même, la défiance engendre la défiance. En voulant arrêter quelques comportements déviants, vous avez perdu l’estime et la loyauté de tout le monde. Soyez convaincu d’une chose : plus vous contrôlez, plus vous devrez contrôler, et plus cela vous coûtera cher. Par conséquent, il est beaucoup plus sain – mais aussi beaucoup moins coûteux – d’établir des relations de confiance que de déployer des procédures de contrôle.

Au total, pour savoir si vos collègues ou vos proches vous font confiance, demandez-vous s’ils acceptent d’être vulnérables à votre égard, et s’ils sont disposés à prendre plus de risque en votre présence. Réciproquement, si vous voulez inspirer de la confiance à celles et ceux qui vous entourent, expliquez toujours les raisons de vos actes, et veillez à la cohérence et la prévisibilité de vos comportements. Cependant, le plus important, c’est de vous rendre vous-même vulnérable. Comme toutes les relations humaines, la confiance est fondée sur la réciprocité. Pour la susciter, vous devrez donc parfois sacrifier votre sécurité de manière unilatérale. Cette mise en danger sera comme une démonstration de votre bonne volonté. Comme le disait Jean-Paul Sartre : « La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres. »