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Les pauses professionnelles ne sont plus des trous dans le CV.


Nos DRH, ou autres spécialistes du recrutement souffriraient-ils de trypophobie ?


J’ai bien l’impression que oui, et qu’il serait temps de soigner ce syndrome.


Qu’est-ce que la trypophobie ? Il s’agit de la phobie des trous. Une affection particulière qui décrit la peur ou le malaise que provoque la vue de trous. Des trous très divers : dans une planche, une ouverture de puits, un morceau de gruyère.  Ce terme est apparu dans la littéature médicale spécialisée en 2013 nous dit le très sérieux magazine Cerveau et Psycho de Juin 2020.


Un trouble qui peut paraitre bénin mais qui peut affecter de façon importante la vie des personnes qui en souffrent.


Pourquoi attribuer ce syndrome aux recruteurs ?


Vous l’avez compris ! Ils détestent les trous … dans les CV !


Ces fameux CV où dans une page maximum, vous devez mettre en scène votre plus ou moins longue vie professionnelle avec deux règles absolues au-delà de l’excellence : la cohérence et la montée en compétences.


Le CV idéal revêt ces trois caractéristiques.


Il faut bien sûr être un talent, mais il ne suffit pas de le dire ! Il faut en apporter les preuves. Et les preuves portent sur votre engagement constant dans un parcours professionnel. Vous avez su, de postes en postes, démontrer votre capacité à toujours apprendre et savoir donner plus et mieux aux entreprises qui vous ont employé.


Cette ligne doit être la plus droite possible, les écarts, les contournements, les chemins de traverse sont déjà suspects, mais ils peuvent être acceptables s’ils ne sont pas trop nombreux ni trop incohérents avec le parcours tel qu’il avait été tracé.
Les trous sont beaucoup plus compliqués à assumer !


Comment inscrire sereinement dans son CV des arrêts dans ce beau parcours ?


La plupart des CV sont ainsi légèrement maquillés en floutant les dates pour ne pas faire apparaitre ces ruptures.


- Comment justifier qu’on est resté 3 mois au chômage entre deux jobs : pas assez désirable sur le marché du travail ?
- Comment expliquer qu’on a prolongé ses congés maternité de quelques semaines pour profiter encore un peu de son bébé ? Incapacité à s’organiser ?
- Comment annoncer un arrêt pour maladie qui oblige à informer d’une affection qui peut être pénalisante ? Encore plus s’il s’agit d’un arrêt pour dépression ou pour burnout ! Manque d’énergie ?


Il y a aussi les trous pour découvertes du vaste monde, pour « aidance » d’un enfant malade ou d’un parent en fin de vie. Il y a des trous pour accompagnement d’un conjoint ou d’une conjointe dans sa mobilité.


N’est-il pas temps de les accepter et de les inscrire en pleines lettres dans les CV ?


N’est-il pas temps pour les recruteurs de considérer que ces pauses professionnelles peuvent être aussi la source d’apprentissages, de nouvelles connaissances et de nouvelles compétences ?


Accompagner les premiers mois de la vie d’un bébé ou au contraire les dernières semaines d’un père ou d’une mère permet de capitaliser nombre de ce qu’on nomme maintenant les « madskills », ces compétences qui n’entrent pas dans les schémas professionnels classiques.


Pour cela, il faut y croire et assumer. Il faut aussi aider notre recruteur en lui indiquant en quelques mots ce qu’on a appris de cette période si pleine et qui peut leur paraitre si vide.


Une pause professionnelle n’est pas un trou, c’est un moment qu’il faut regarder autrement pour en percevoir la richesse.
Avis à nos recruteurs trypophobes ! Ça se soigne !


Publié le mardi 3 mai 2022 . 3 min. 51

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