Dans les entreprises, on observe souvent que des actions de conduite de changement dans le cadre de la Responsabilité Sociétale des Organisations, font se révéler de nouveaux acteurs, jusque-là silencieux. Ces personnes ont été identifiées par la chercheuse Debra Meyerson comme des "radicaux tempérés" (tempered radicals).
On les repère par leur volonté de s’engager dans ce changement pour une entreprise plus responsable. Comment cela se manifeste-t-il ?
Des personnes de conviction, à rebours de la culture dominante
Par exemple, lors d’un appel à volontariat pour jouer un rôle dans la transformation, ces radicaux modérés vont répondre présents, et se montrer particulièrement actifs dans les actions à mener. Leur motivation à agir s’avère élevée, alors que jusque-là ils se tenaient éloignés des formes traditionnelles du dialogue social ou de ses formes conflictuelles classiques.
Debra Meyerson définit les "radicaux tempérés" comme "des personnes qui veulent devenir des membres performants et reconnus de leur organisation sans renoncer à ce qu’ils sont et à ce qu’ils croient" ; et encore "comme des individus qui s’identifient et s’engagent pour leur organisation mais aussi pour une cause, une communauté ou une idéologie qui peut être différente et opposée à la culture dominante de leur organisation".
Leur radicalisme les incite à remettre en cause le statu quo existant. Ce qui explique qu’ils se révèlent dans des périodes de transformation, qui leur donnent alors l’occasion de se manifester, et de voir aboutir leurs idées. Mais, s’ils sont radicaux, ils sont aussi tempérés, et leur tempérance reflète la façon dont ils sont concernés par ces remises en cause.
La tension entre leur identité perso et pro les incite à l'engagement
Ainsi, ils peuvent être tout à la fois indignés et fortement mobilisés par le constat d’injustices, de passivité ou d’inefficacité, et en même temps enclins à rechercher la modération dans leurs relations avec les membres de leur organisation qui ne partagent pas leur engagement pour ces questions.
Hors des périodes de changement où ils trouvent leur place, les radicaux tempérés ne sont pas dans une position confortable au sein de l’organisation. Ils ont constamment à équilibrer leur position et à contrecarrer d’éventuelles tensions entre leur identité personnelle et professionnelle. Mais, malgré cette tension, ou même paradoxalement à cause d’elle, ils peuvent se comporter comme des acteurs engagés et performants et agir en résistance à l’indifférence face aux injustices, aux discriminations, aux malfaçons, en porteurs d’idées alternatives.
Ils font avancer leurs convictions petit à petit, sans opposition frontale
Meyerson nous dit qu’ils poussent leur entreprise à être plus responsable "petit à petit". Ces "rebelles sous le radar" tels qu’elle les nomme, s’engagent dans des petits combats et engrangent des petites victoires. Malgré leur désir de faire avancer leurs convictions, ils agissent toujours dans le respect de la culture dominante.
Ces petites victoires contribuent à renforcer l’espoir que le système peut évoluer, et renforcent la confiance en soi de ces radicaux tempérés. Elles peuvent prendre la forme du recrutement d’une personne moins dans la norme, d’une action tournée vers l’environnement comme le tri des poubelles, de la modération d’une décision qui pourrait dégrader la qualité de la vie au travail...
Tels des agents dormants, les radicaux tempérés agissent dans l’ombre en attendant l’opportunité de contribuer à des changements qui correspondent à leur vision de l’entreprise. Les repérer, ou les aider à se révéler, permet de les motiver à être des agents de transformation au sein de leur organisation.
Publié le jeudi 19 avril 2018 . 4 min. 03
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