Et ça commence par combattre le manspreading et le manterrupting !
Quand on aborde l’égalité femmes-hommes, on est immanquablement amené à faire toujours et encore le même constat : différence de salaires de 20% à carrières égales, qui s’accroit avec le nombre d’enfants (on est à 47% avec 3 enfants), précarité à la retraite (41% d’écart en 2020), plafond de verre qui fait que moins de 20% de femmes siègent au comex des entreprises françaises, parois de verre car les activités des femmes sont cantonnées à 12 familles professionnelles sur les 87 existantes … Les chiffres sont têtus et en l’occurrence remarquablement stables.
Ensuite, on passe au pourquoi en est-on encore là ? Alors que la première loi sur l’églité des salaires date de 1972 ! Bientôt 50 ans ! Et bien sûr au comment ?
Les deux sont liés.
Le pourquoi, c’est que la contrainte juridique est nécessaire mais ne suffit pas et qu’il faut agir sur les représentations, les attitudes, les comportements, et ce, dès l’éducation dans la petite enfance.
Ce qui nous donne une réponse intéressante au comment faire pour que les choses changent vraiment et durablement ? « Il faut laisse de la place aux femmes, et bien avant aux petites filles ! »
On parle de place sous toutes ses formes : les places dans l’entreprise, au sens des postes et surtout les postes qui comptent bien évidemment !
Mais je veux parler ici de la place au sens de l’espace ! Et cela commence tout petits, dans la famille, à l’école, dans les transports en commun, dans les réunions …
En effet, de très nombreuses études montrent que la gente masculine, à tous les âges développe deux types d’attitudes qui ne laissent pas d’espace aux femmes.
Nos amis anglo-saxons ont su les désigner avec leur capacité de synthèse :
- Il y a le manspreading qui décrit la propension des hommes à prendre tout l’espace physique. Ainsi, on observe que les cours de récréation sont largement occupées par les petits garçons qui se déplacent, courent, se lancent des balles ou des ballons alors que les petites filles sont condamnées à rester « autour », dans des espaces beaucoup plus restreints pour jouer à des jeux « calmes » comme la marelle, la poupée, ou simplement discuter ….
On retrouve la même attitude dans les transports en commun ou au cinéma quand les hommes s’emparent des accoudoirs, sans même se poser la question de leurs voisines.
Le manspreading structure donc un espace physique dès la plus tendre enfance, ce qui favorise la domination masculine.
- Ensuite, il y a la préemption de l’espace de parole. Ainsi, on observe que la parole est plus facilement donnée dès les petites classes aux garçons, qu’on leur propose de parler de sujets plus valorisants, plus prospectifs. A l’âge adulte, en situation professionnelle, le manterrupting consiste, dans des réunions, à interrompre les femmes quand elles s’expriment et à se passer la parole entre hommes. Des vidéos circulent actuellement montrant même des hommes politiques en situation de pouvoir, coupant le micro de femmes élues lors d’une assemblée politique.
Plus les niveaux sont élevés, moins les femmes sont statistiquement nombreuses, ce qui accentue encore le phénomène.
Faire de la place n’est pas un vain mot ! Cela commence bien sûr par une prise de conscience car ces phénomènes sont tellement intériorisés et culturels qu’ils sont de véritables impensés.
Il faut donc que femmes et hommes réalisent ce qui se passe et cherchent bien sûr à prendre des actions correctrices.
Le ou la professeur(e) doit veiller à équilibrer ses sollicitations, la cour de récréation doit être mieux partagée, ce qui ne veut pas dire d’interdire aux garçons de jouer au football, mais d’inciter les filles à le faire, ou de restreindre le terrain de jeu pour laisser la même place aux petites filles.
Dans l’entreprise, le management doit être attentif au manterrupting et souligner les interruptions intempestives, en donnant des temps de parole et une attention équitable entre femmes et hommes. Des femmes responsables à la Maison Blanche avaient largement dénoncé le phénomène, et avaient mis en place des stratégies où elles se passaient systématiquement la parole, en reprenant les propos de leur prédécesseuse pour tenter de lutter contre cette colonisation masculine de l’espace verbal.
L’égalité réelle femmes-hommes, que nous appelons tous de nos vœux passe par ces gestes et ces actes qui peuvent paraitre banals et triviaux mais qui peuvent rapidement faire la différence !
Publié le mardi 2 novembre 2021 . 5 min. 15
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