Faites de votre vulnérabilité une force !

La vulnérabilité est un concept qui entre dans l’univers managérial.

Reconnaissons qu’elle n’a jamais eu droit de cité, et que ce n’est pas encore un mantra absolu !

Rappelons que le mot vulnérabilité vient du latin vulnus, (la blessure) et selon le dictionnaire désigne le vulnérable comme celui « qui peut être blessé, frappé », « qui peut être facilement atteint, qui se défend mal ». La vulnérabilité est donc à la fois la zone sensible et fragile (le fameux talon d’Achille) et la blessure d’autre part.

Comment la vulnérabilité peut-elle donc avoir sa place en management ? Là, où a priori, ce sont plutôt les forces que l’on valorise et cultive ?

N’empêche, de plus en plus de discours s’en emparent. Ce mouvement semble porté par le développement des soft skills et la revendication de plus en plus forte des travailleurs d’être des humains avec des forces certes, mais aussi des faiblesses.
Mais la vulnérabilité est-elle une faiblesse ? C’est certainement là le grand renversement !

En effet, on admet maintenant que la vulnérabilité renforce la cohésion d’un groupe et développe le sentiment d’appartenance.
A l’heure où tant de collectifs se sont délités sous les effets de la crise sanitaire, il est intéressant de regarder de plus près le pourquoi et le comment de la chose.

L’auteur qui a le mieux développé le sujet est Daniel Coyle, consultant-auteur américain à succès, dans son ouvrage « The Culture Code : the Secrets of Higly Successful Groups » paru en 2019.

Il observe avec d’autres chercheurs que la vulnérabilité a un lien fort avec la coopération et la confiance.

Mais il prend le contrepied du raisonnement classique. En effet, nous attendons tous d’avoir confiance en quelqu’un pour lui parler de notre vulnérabilité. Or, nous dit-il, c’est le contraire, il faut accepter de se montrer vulnérable pour déclencher la confiance.

Il décrit alors la « boucle de la vulnérabilité ». Si vous montrez votre vulnérabilité, en retour, vos interlocuteurs feront de même, permettant à la confiance de s’installer, et à la coopération de suivre, car se montrer vulnérable, c’est aussi faire passer le message qu’on a besoin des autres.

Alors, comment initier cette boucle vertueuse ?

Comme toujours, c’est au manager d’initier le mouvement en étant le premier à dévoiler ses propres vulnérabilités. En racontant ses doutes, ses difficultés à décider par exemple. En tous les cas, en sortant de l’archétype du patron solide et sûr de lui.

Ensuite, il faut faire place à l’écoute : se placer en « position basse » comme le disait Goffman lors des échanges avec les collaborateurs. Poser des questions pour bien comprendre ce qui est dit.

Evidemment, il s’agit aussi d’être précautionneux avec la vulnérabilité des autres, et ne faire des feed back négatifs qu’en tête à tête, jamais en public.

Enfin, il faut accepter de gérer des émotions, car parler de sa vulnérabilité, c’est souvent aussi dévoiler de l’intime, et ce n’est pas toujours simple dans le monde du travail.

Quelques pistes tout à fait émergentes qu’il peut être intéressant d’explorer pour construire d’autres voies managériales et à terme d’autres cultures d’entreprise.