Pour nos amis anglo-saxons être en La La Land, c’est avoir un rêve à réaliser, avancer dans la vie sans se préoccuper de son environnement, ou encore croire que les choses peuvent arriver, parce qu’on veut qu’elles arrivent. Malgré les doutes, les échecs, les rejets, les difficultés, on avance dans le La La Land, parce qu’on y croit.
Il me semble que cette « La La land attitude » n’existe pas seulement à Hollywood et qu’ on la retrouve chez de nombreux professionnels comme dans bon certaines entreprises.
La La la Land attitude a trois caractéristiques majeures, qui sont à l’opposé des bonnes pratiques stratégiques :
- La première est d’ignorer la réalité de son environnement et de se fabriquer la sienne propre. On rejoint alors les styles de management décrit par Michel Feynié et dénommés « as if management, « management comme si » où la part de théâtralisation est très importante. Un management qui ne veut QUE du positif, des messages convaincants, un climat porteur ! Au fond, personne n’est dupe, et il peut y avoir des reprises de contact avec la réalité qui font mal, mais il s’agit de peindre l’entreprise et son environnement des couleurs de l’arc en ciel pour continuer à y croire.
- Dans le La La Land management, le projet des personnes prend la place du projet commun. Chacun avance dans sa voie sans se retourner, en profitant de chaque opportunité, et en utilisant son réseau professionnel et personnel de façon très instrumentaliste. Le chacun pour soi domine. Quand les personnes s’allient, c’est parce qu’elles ont compris qu’elles avanceraient plus vite et plus fort à plusieurs.
- La troisième caractéristique de la La La Land attitude est une croyance absolue en sa chance, qui fait que les échecs sont vite oubliés et gommés pour repartir de plus belle. La capacité à rebondir, l’apprentissage par l’échec font partie du quotidien.
Le La La Land est donc un pays peuplé de croyances, de pensée magique, d’égoïsme et d’extraordinaire résilience. C’est aussi un pays où l’attention à l’autre n’existe pas, où l’on est prêt à tout sacrifier pour que son rêve devienne réalité.
Cette absence de lucidité, ce refus d’une analyse du contexte, ce fonctionnement systématique par essai-erreur continuel, ce refus d’entendre les retours négatifs, sont tout juste les ingrédients d’un anti-management responsable. Et pourtant ça marche ! Pas toujours, certes ….mais la recette fait suffisamment fortune pour qu’on puisse se dire que : la foi en soi, une vision de ce qu’on veut devenir, une forte résistance à l’échec peuvent aussi être une autre façon, certes hétérodoxe, mais efficace et efficiente de mener une stratégie ambitieuse de développement, pour soi ou au service d’’un projet entrepreneurial.
Reste à voir les dégâts collatéraux qui ne manqueront pas d’apparaitre, leurs impacts, leur nature et qui ils pénalisent. Mais dans La La Land, on ne cultive pas le regret ni le remord, on le recycle pour en faire une chanson, un film ou un nouveau concept !
Publié le mercredi 12 avril 2017 . 3 min. 50
Les dernières vidéos
Management et RH
Les dernières vidéos
d'Isabelle Barth
LES + RÉCENTES
LES INCONTOURNABLES