Vous connaissez le boomerang, ce petit objet symbole du peuple aborigène et par extension de l’Australie. C’est une arme de chasse destiné à assommer la proie visée et qui a la particularité, si on la rate de revenir dans la main de son propriétaire.
Dans la main si on est habile, dans la figure si on n’a pas bien anticipé la trajectoire !
Cela vous semble bien éloigné des questions de management ?
Vous avez tort ! Les entreprises sont remplies de mesures boomerang, c’est-à-dire des décisions, des règles qui sont prises et qui se retournent contre ceux qui les ont conçues.
Au départ, c’est une bonne idée, fondée sur la bienveillance. A l’arrivée, tout se dérègle, et on récolte le contraire de ce qu’on avait envisagé.
Un exemple ? Imaginons une entreprise qui souhaite améliorer la conciliation vie privée vie professionnelle de ses salariés. Une mesure s’impose : proposer de pouvoir travailler à 80%, sur 4 jours dans la semaine en choisissant le jour off. Qui va s’emparer de cette possibilité ? Evidemment, les femmes mères de famille qui vont massivement choisir de ne pas travailler le mercredi.
C’est là que le boomerang revient dans la figure : non seulement les services vont être désorganisés les mercredis, ce qui peut rester gérable. Mais surtout, cette mesure bienveillante va conduire à une mise en retrait des femmes pour les questions d’avancement de carrière. Leur choix du 80% est souvent vécu comme un moindre engagement dans l’entreprise. Leur absence une journée par semaine fait qu’elles vont être moins présentes dans les réseaux informels d’informations et de socialisation.
La fameuse conciliation va engendrer une mise à l’écart de celles qui auront fait ce choix.
Un autre exemple ? Pousser les personnes dotées d’un handicap invisible à révéler leur handicap afin de bénéficier d’aménagement de poste de travail. Le risque existe que la personne ayant franchi le pas de la révélation se retrouve le ou la « handicapée », avec toutes les préventions qui peuvent exister sur sa capacité à avoir des responsabilités plus importantes.
Les exemples sont légion. Au départ, une mesure qui part d’un bon sentiment ou d’un projet positif et dont, au final les impacts sont contraires à ceux attendus.
Comment éviter le problème ? Comme toujours en stratégie ! Anticiper !
Ce qui oblige à réfléchir au but servi et non pas à l’opérationnalité de la mesure envisagée.
Le fameux : « Si … alors ? »
Si nous mettons en place cette nouvelle règle, alors, que va-t-il se passer ?
Mais il ne s’agit pas de se limiter aux résultats attendus ou au prévisible.
Il faut sortir de cette paresse intellectuelle si tentante en pensant CONTRE !
Et si toutes les femmes de l’entreprise choisissent de ne pas travailler le mercredi ? Et si untel se déclare RQTH (travailleurs handicapés) ? Que va-t-il se passer ? Comment éviter les impacts négatifs pour bien rester sur les objectifs attendus ?
L’exercice exige de pousser la réflexion au maximum, sans chercher la lumière seulement sous le réverbère, ce qui est toujours tentant et rassurant.
Le management stratégique exige de toujours chasser dans les zones d’ombre, non pas par pessimisme mais pour éviter de se retrouver un matin assommé par un choix qu’on avait fait sans bien en évaluer la trajectoire et qui nous revient en pleine figure !
Publié le mercredi 26 avril 2023 . 3 min. 58
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