Le temps est un actif stratégique de l’action managériale. C’est une des premières leçons d’un dirigeant.
L’importance du temps dans l’action stratégique revêt plusieurs aspects :
1/ La bonne gestion du temps du décideurs qui doit l’employer sur des tâches à forte valeur ajoutée, d’autant plus forte qu’il est haut placé,
2/ Le rôle de la synchronisation dans l’activité d’une organisation, là aussi le dirigeant est la clé de voute du dispositif complet, comme un chef d’orchestre, il est là pour faire circuler la musique, et éviter la cacophonie, née de la désynchronisation
3/ Le pouvoir de contrôler le tempo de l’entreprise, il faut aller vite, moins vite, largo, larghetto, andante, allegro ou presto. C’est bien au dirigeant d’imprimer le rythme.
Mais de la théorie à la pratique, le passage n’est pas si simple et le « maître des horloges » peut vite devenir un « éleveur de lapins », au grand dam de ses collaborateurs et au risque de mettre la bonne marche de l’entreprise en péril ?
J’exagère ? je ne crois pas.
Combien de personnes ces derniers jours vous ont « posé un lapin » ? Alors que le RV était dument fixé, et inscrit de façon automatique dans votre agenda, personne à l’heure dite ! Que ce soit au téléphone, sur Teams, Zoom ou dans un café. Dans le meilleur des cas, au dernier moment ou presque, avec une excuse ou une explication imparable, votre interlocuteur vous annonce qu’il ou elle doit reporter.
C’est perturbant, déstabilisant, pour votre propre organisation, mais aussi pour la mise en place de projets, pour la continuation de plannings établis et ces annulations peuvent toucher de nombreuses personnes en cascade.
Plus le statut de l’éleveur de lapins est élevé, plus l’impact est important. Cela pour trois raisons :
1/ Son périmètre de responsabilité est bien plus étendu,
2/ la valeur d’exemple est alors contre-productive et risque d’entrainer du mimétisme dans l’encadrement,
3/ il est malaisé de lui faire la leçon.
On peut faire identifier plusieurs raisons d’un mauvais emploi de son temps par un dirigeant. J’en retiens 5 :
1/ L’évitement des personnes ou des projets, il est alors dans la fuite de la confrontation,
2/ La procrastination, qui traduit l’impossibilité de prendre une décision,
3/ L’incapacité à distinguer l’urgent de l’important,
4/ Une mauvaise gestion des outils de planification ou des collaborateurs défaillants
Et 5/ Le besoin de faire peser son pouvoir sur ses collaborateurs.
Si les quatre premiers biais peuvent se travailler, le cinquième est problématique. C’est confondre la légitimité par le pouvoir du statut, de celle par l’autorité, autorité de compétences, d’expertise.
Evidemment, le n°1 est celui qui donne le GO ou le NO GO, c’est sur lui que ce règle le rythme des affaires et cette idée de « maître des horloges » est intellectuellement intéressante.
Mais si elle se dévoie en une cascade d’annulations et de reports, les conséquences peuvent être catastrophiques :
- Perte de repères des collaborateurs qui ne peuvent plus gérer leur propre agenda, toujours en l’attente d’un RV ou d’une réunion à reprogrammer,
- Perte de confiance dans une organisation et en un supérieur hiérarchique,
- Et sentiment de mépris
Dirigeants, malgré la difficulté, restez dans la maîtrise horlogère, et évitez l’élevage de lapins ! Ce sera beaucoup mieux pour tout le monde.
Publié le lundi 22 juin 2020 . 3 min. 54
Les dernières vidéos
Management et RH



Les dernières vidéos
d'Isabelle Barth




LES + RÉCENTES

LES INCONTOURNABLES

