« Elle l’a elle l’a … ce je ne sais quoi, que d’autres n’ont pas, ce don du ciel, cet indéfinissable charme, cette petite flamme, cette drôle de voix, cette drôle de joie … quand tu l’as, tu l’as ». Chantait Michel Berger, qui décrivait ainsi fort bien ce que nous recherchons tous : le talent, les talents, que ce soit dans la chanson, la cuisine, les mathématiques, ou le management….
Au départ, on a des talents, au sens où on les possède et c’est un signe de richesse puisque le mot talentum en latin désignait un poids (environ 34 kgs) en or ou en argent, qui donnera ensuite le mot « dollar »…. Comme souvent, ce mot latin vient du grec phero et de la racine tul qui signifie « peser, soulever », mais aussi « être transporté », suggérant alors la force, la vitesse, la dynamique.. C’est la parabole des talents (Mathieu XXV) qui fait du talent une qualité particulière chez une personne. Le talent devient alors un don ou comme le décrivent les dictionnaires : « une disposition naturelle » ou une « aptitude remarquable ».
Peu à peu, par procédé métonymique (c’est-à-dire quand une partie d’un ensemble désigne le tout), le talent comme don, devient la personne elle-même. Parce qu’on a du talent, ou un talent, on EST un talent. Dans le monde du management, le talent est peu à peu devenu le mot à la mode : on parle d’attractivité des talents, de gestion des talents … on découvre dans les organigrammes des « talents managers »… Les talents sont alors souvent assimilés aux « high po », c’est-à-dire aux hauts potentiels, ces hommes et ces femmes qui présentent un réel potentiel de contribution au projet de l’entreprise.
Comment définir un talent ?
Il y a les talents dans le monde artistique : ces dons innés qui font que , dès leur plus jeune âge, des enfants savent jouer merveilleusement d’un instrument de musique, peindre, chanter, danser … ou, dans un registre plus cérébral : parler 10 langues, comprendre les lois mathématiques ou physiques avec une facilité des plus déconcertantes.
Quand on quitte ces registres, qui sont réservés à une toute petite minorité, les talents dans le monde du travail renvoient plutôt à des compétences douces (les fameuses soft skills) : une grande capacité d’analyse, d’innovation, de la créativité, du charisme, du leadership, de la compréhension des sujets complexes, de la capacité à avoir une vision, … Jean Marie Peretti définit ainsi les talents : « des personnes à la limite de l’extraordinaire qui sont capables de faire aisément ce qui est difficile aux autres ». D’autres auteurs comme Maurice Thévenet insiste sur le fait qu’un talent n’existe jamais seul, il faut qu’il soit reconnu et apprécié par le groupe dans un contexte donné.
Le défi du manager va donc être de repérer, de révéler ces talents et de les faire fructifier.
Le principe est de repérer le talent alors qu’il est encore en devenir, et de l’accompagner pour qu’il grandisse. On se retrouve avec l’enjeu de ne pas recruter des collaborateurs qui sont « au taquet », la notion de potentiel est essentielle. Le talent certes, mais il n’est pas question d’être un technicien hors pair. On attend aussi ce « petit supplément d’âme », cet « indéfinissable charme », cette « petite flamme », qui font toute la différence, et dont on attend beaucoup.
Charge aux managers d’aider ces talents à s’épanouir, à croire en eux. On peut aussi se dire que chacun a un talent, peut-être plus minuscule, mais qui demande aussi à grandir. Le véritable talent du manager serait alors de « faire faire des choses extraordinaires à des personnes ordinaires … ou moins talentueuses » …
Publié le mercredi 27 juin 2018 . 4 min. 07
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