Avec le Grand Confinement, ceux et elles qui se sont retrouvés en quelques heures en télétravail, se rendent compte peu à peu qu’il n’y a pas de transposition exacte de la façon de travailler au bureau et celle à domicile.
Tout le monde s’est engouffré dans la sacro-sainte continuité, sans prendre le temps de bien réfléchir … pour se rendre compte au fur et à mesure des semaines, qu’il fallait raisonner différemment.
Au bout de 40 jours, bien des ajustements ont été faits par essais erreurs le plus souvent, et il est temps d’en tirer des enseignements … pour la suite !
1er principe : apprendre à dessiner des frontières et ce, sur 3 plans :
1/Tout d’abord, dessiner une frontière autour de son espace professionnel :
Aussi petit soit-il, il faut le sanctuariser (pas de lieu de passage ou qui doit être démonté tous les soirs ou au moment des repas), et le rendre confortable : énormément de télétravailleurs improvisés se plaignent de douleurs qu’ils ne connaissaient pas au bureau.
2/ Une frontière pour le respect de son intimité : Laisseriez-vous des dizaines de personnes envahir votre salon ou votre chambre ? Bref votre espace intime ? Surement pas ! Donc on improvise un fond ou on investit dans les fonds virtuels que nous offrent les dispositifs de réunions en ligne.
3/ La frontière entre vie privée et vie pro, même à la maison. Autant c’était sympa et réconfortant d’avoir les photos de ses enfants, de son chat, de son chien sur l’écran de son ordinateur de bureau, autant c’est compliqué de les avoir sur les genoux pendant qu’on travaille ! Donc, on cloisonne. On ferme la porte avec une règle du jeu : ‘frapper avant d’entrer !’.
Second principe : revoir complètement sa gestion du temps et des priorités
1/ On sépare les temps pro des temps perso, et on établit des plannings auxquels on se tient. On les affiche sur le frigo, bien sûr pour que tout le monde soit bien informé de quand « maman ou papa travaille ». En revanche, quand on quitte le « bureau », on éteint l’ordinateur et le portable professionnels pour passer du temps avec ses enfants ou ses proches. Pas de réunion en « mute » passées à ranger le linge ou faire une tour de légo : grosses désillusions en vue !
2/ Etablir des plages tampons avec deux objectifs :
- Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de trajet qu’on doit rester enchainé comme un galérien rivé à son ordinateur les zoom, les teams, les skype …Il faut insérer des plages tampons pour respirer, boire un café, s’étirer, reposer son regard.
- Ces moments peuvent être aussi l’occasion d’échanges moins formels pour discuter en ligne de la pluie et du beau temps, de prendre des nouvelles avant de commencer les échanges professionnels
3/ Réviser la gestion des priorités : la sensation du « tout est urgent » est très largement partagée, car les consignes arrivent sans filtre, sans concertation, et de toutes parts. Il est temps de prendre un peu de recul et de savoir dire NON, et de ralentir le rythme, car il ne s’agit pas courir un sprint mais de s’installer dans une course qui va durer.
Troisième principe ; le new deal managérial, qui se décline en trois temps
1/ Travailler de façon virtuelle à plusieurs, c’est faire son deuil de la proximité, proximité physique bien sûr, proximité de fonctionnement aussi. Sauf avec des équipes qui sont anciennes et qui ont une pratique commune éprouvée, la grande difficulté est la synchronisation, des analyses, des actions, des échéances.
La première priorité du manager en télétravail est donc la synchronisation, avec des objectifs clairs, des « qui fait quoi », des échéances précises, des comptes rendus courts mais compréhensibles par tous, et du rebouclage avec ceux qui semblent sortir du tempo général.
2/La seconde priorité est le « sens » des missions attendues. L’éloignement fait que l’écart entre ce qui est attendu et ce qui est réellement entendu peut être important et se creuser sans cesse davantage. Il faut s’assurer régulièrement que les collaborateurs comprennent bien ce qui est attendu d’eux et y voit du sens.
3/ La troisième règle est de passer à un travail en mode « projet ». Le collaborateur en télétravail doit être motivé sur la base d’objectifs à réaliser, en temps, en heure et en qualité, mais l’organisation pour les atteindre est libre à lui. C’est son expertise qui prime. Le contrôle serait illusoire, le télétravail et la distance qu’il implique ne peuvent être véritablement efficaces sans la CONFIANCE, à accorder aux équipes.
Le soupçon n’est pas de mise, et il faudra accepter quelques approximations, mais garder une confiance absolue dans la capacité des personnes à mobiliser différemment leurs ressources en temps, énergie, expertise quand elles sont en télétravail.
Différemment de ce qui se faisait au bureau. Mais le bureau, c’était avant, n’est-ce pas ?
Publié le mardi 12 mai 2020 . 4 min. 50
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d'Isabelle Barth
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