L’Etat qui était considéré jusqu’à présent comme un recours, comme un agent d’équilibre, d’incitation positive, serait-il devenu le problème ? Sa crédibilité désastreuse n’a été améliorée que par la Covid, c’est dire…
Depuis des dizaines d’années, les trois familles politiques actuelles – la gauche la droite ou simplement les opportunistes, les dirigeants ont mis les questions de déficit budgétaire au cœur des priorités de leur gestion, et le moyen proposé pour la réussir ayant été de demander aux citoyens le courage et le financement, en un mot le sacrifice. La fiscalité est tristement imaginative car ses effets pervers sont nombreux.
Cette situation amène le citoyen à se protéger, à ne pas bouger, à ne pas entreprendre. Juste prendre le meilleur de la situation telle qu’elle est, au moindre geste public, et ne pas se risquer à une visibilité audacieuse autant que dangereuse. Entre la peur du futur, l’indécision et l’instabilité des décisions publiques fiscales, nous avons créé une situation particulièrement originale d’incitation à l’immobilisme. Inutile d’exhorter les foules citoyennes à bouger et entreprendre si les moyens et la culture ne sont pas au rendez-vous. C’e serait aussi irréel que la culpabilisation des personnes qui ne peuvent, faute d’argent, s’acheter cinq fruits par jour.
Mobile et dynamique dans les discours qu’elle tient, notre société économique a de fait crée une grande immobilité, à ne pas confondre avec la sérénité. Les sources de cet attentisme sont nombreuses et pas uniquement publiques et politiques, institutions qui portent certes leur part de responsabilité et d’une culpabilité qui ne sera jamais reconnue comme telle par les fauteurs qui ont été au pouvoir.
Les dirigeants et cadres, enfermés dans des ambitions de plus en plus visiblement personnelles, mal habillées de discours institutionnels auxquels ils ne croient pas beaucoup mais colportent, demandent à leurs collaborateurs de s’y tenir, afin de pouvoir alimenter les entretiens annuels dans un sens critique fictivement objectif. Ils sont aussi responsables de la morosité statique des comportements humains dans les firmes. Le but ultime est de devenir un cadre dirigeant ou un fonctionnaire hautement rétribué.
Nous avons immobilisé la mobilité, laissé l’Etat devenir le problème et non la solution, opacifié les perspectives de nos enfants majeurs. Le baby-boom n’est pas une démographie exceptionnelle, c’est la faiblesse de la génération qui précède qui, guerre aidant, est limitée. Les générations qui suivent le baby-boom sont aussi nombreuses.
Mais l’esprit d’entreprise est devenu juste un thème dominant d’une communication descendante, persuasive et pas du tout participative. L’entreprise qui n’ose plus parler de profits en dehors de la Bourse, s’habille d’entrepreneuriat et de RSE pour exister entre un Etat, une Europe, qui l’obligent et une opinion publique dont elle pense qu’elle la force. Double erreur, la clarté stratégique ne se résume pas à sauver la planète. L’entreprise doit reconstruire sa place publique et citoyenne autour de sa stratégie, de son offre, et de sa dignité.
Publié le jeudi 20 janvier 2022 . 3 min. 29
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