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Pourquoi on pense mieux dans une langue étrangère

Publié le jeudi 5 décembre 2019 . 4 min. 28

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Peut-être faites-vous partie de celles et ceux qui travaillent dans une autre langue que leur langue maternelle – bien souvent, l’anglais.  Si c’est le cas, peut-être que vous vous sentez handicapé, par rapport à vos collègues anglo-saxons, forcément plus à l’aise.

Consolez-vous : vous parlez peut-être moins bien, mais vous pensez mieux. C’est ce que montre une étude de Boaz Keysar, Sayuri Hayakawa et Sun Gyu An (trois chercheurs dont on peut parier qu’ils n’utilisent pas tous, pour communiquer entre eux, leur langue maternelle). Leur étude s’inscrit dans un courant de travaux sur ce qu’on appelle l’effet langue étrangère : utiliser une autre langue que la sienne semble atténuer certains biais cognitifs.

Prenons un exemple : les effets de cadrage.  Le biais cognitif en question est bien connu : nous sommes sensibles à la formulation de questions qui sont en réalité équivalentes. Par exemple, si on nous parle d’une opération à laquelle « 90% des patients survivent » ou plutôt que d’une procédure au cours de laquelle « 10% des patients meurent », notre jugement devrait être le même : les deux propositions sont logiquement équivalentes. Or nous ne le sommes pas : la présentation, le cadrage influe sur notre perception. Or, quand les options sont présentées dans une langue étrangère, cette différence disparaît : nous devenons miraculeusement « rationnels ».

L’explication la plus plausible de ce phénomène est que la langue étrangère nous freine. Comme nous ralentissons, nous prenons de la distance. Nous réagissons moins à la charge émotionnelle de mots familiers. Au lieu de nous en remettre à notre « Système 1 », rapide, intuitif et émotionnel ; nous utilisons notre « Système 2 », le mode de raisonnement lent, réfléchi, contrôlé et logique. En somme, la barrière de la langue nous force à aller moins vite.

Même nos choix éthiques ne sont pas les mêmes quand nous les faisons dans une langue étrangère.  Le célèbre « problème du tramway » (trolley problem) permet de le vérifier. Dans l’une des versions du problème, les personnes interrogées sont confrontées à un tramway fou qui va écraser cinq personnes, et doivent décider s’ils sacrifieraient un homme obèse en le poussant du haut d’un pont pour arrêter le tramway. Le problème illustre (de manière forcément caricaturale) le conflit entre une logique utilitariste (je sacrifie une vie pour en sauver cinq) et une morale déontologique (je refuse de tuer l’homme obèse, parce que c’est mal).  Quel que soit notre choix face à ce dilemme, il semble clair que la langue dans laquelle il est formulé ne devrait pas changer notre réponse.  Or, là encore, c’est le cas : quand la question nous est posée dans une langue étrangère, nous sommes sensiblement plus nombreux à pousser l’homme obèse sous les roues du tramway. Il nous faut pour cela résister à la réponse intuitive et rapide du Système 1, qui s’indigne de ce geste criminel, et faire, avec notre Système 2, le calcul froid des coûts et des bénéfices de notre action. Là encore, le « ralentissement » induit par l’effort mental de traduction nous pousse vers le Système 2.

Chacun décidera en fonction de ses convictions si ce glissement vers l’utilitarisme est une bonne chose, et s’il faudrait donc, quand nous sommes confrontés à un problème éthique, se forcer à le traduire dans une autre langue… En tous cas, tant que l’on reste dans le domaine, bien plus fréquent, des choix managériaux ordinaires, ce qu’il faut retenir, c’est que parler une autre langue que la nôtre nous ralentit. C’est souvent un handicap, bien sûr. Mais aussi, quelquefois, un avantage.


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