Les fusions et acquisitions sont annoncées comme des manœuvres stratégiques risquées : plus d’une sur 2 échouerait selon les études menées principalement par des cabinets de conseil. Et pourtant les montants dépensés à travers le monde pour racheter des entreprises ont battu un nouveau record en 2015 ! D’où ma question : si c’est si risqué, pourquoi continuer à acquérir ?
Pour y répondre, repartons d’un principe de base : l’acquisition d’une entreprise est économiquement intéressante si elle crée de la valeur pour l’acquéreur. Nous éviterons ainsi le problème des rachats motivés par l’opportunisme ou l’intérêt personnel des dirigeants.
Prenons donc le cas d’une société qui veut augmenter sa valeur économique par rachat. Elle a élaboré une stratégie de développement qui repose sur l’acquisition d’une autre entreprise. Elle repère sa cible, l’analyse, identifie les synergies possibles, puis détermine un prix maximum à payer qui ne devra pas être dépassé au cours des négociations. Admettons qu’elle ne dépasse pas ce prix maximum. Elle rachète effectivement sa cible, puis entame la phase d’intégration pour tirer parti des synergies et atteindre les objectifs stratégiques recherchés.
Or on sait que l’intégration est un processus souvent difficile à piloter, que les belles synergies sur le papier se révèlent parfois inexistantes, que les coûts de mise en œuvre sont fréquemment sous-estimés. En bref, la rentabilisation de l’investissement est souvent moindre qu’espérée. Néanmoins, est-ce un échec ? Si l’acquéreur a réussi à augmenter sa valeur dans des proportions moindres que celles attendues, est-ce un échec ? Si l’acquéreur a atteint certains objectifs stratégiques et raté d’autres, est-ce un « échec ? Certains diront oui, d’autres non. Car il existe une zone grise entre succès et échec.
Ces interrogations nous ramènent aux études de performance. Soyons prudent quant à leurs résultats, car la mesure du succès ou de l’échec à partir d’un indicateur comptable reste parcellaire. Grâce à une acquisition, l’entreprise peut avoir renforcé son positionnement stratégique pour l’avenir, sans tirer aujourd’hui les bénéfices économiques de l’opération. Pour réellement analyser le succès, il faut explorer la zone grise, ce qui est quasi-impossible à faire à travers des études statistiques. Alors restons prudent quant aux taux d’échec annoncés.
Publié le jeudi 01 décembre 2016 . 2 min. 47
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de Philippe Véry
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