Espoirs de reprise : les illusions perdues
Publié le lundi 22 avril 2013 . 3 min. 23
Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
Le maigre espoir d'une reprise au second semestre est en train de s'évanouir, et les chefs d'entreprises se préparent à une nouvelle année de récession, la troisième en six ans. La plupart des indicateurs nationaux sont en effet dans le rouge. Prenez celui du climat des affaires. En moyenne sur le 1er trimestre, il est resté scotché un peu au-dessus de 86, soit 14 points de moins que sa moyenne de long terme. Et 86, c'est un niveau comparable à celui de fin 2012 qui s'est soldée par un recul de 0,3% du PIB. Quant aux différentes enquêtes d'opinions, elles convergent dans le même sens alarmiste pour le second semestre. Si bien qu'à fin juin, l'acquis de croissance sera négatif de 0,4% selon notre scénario. Dans ces conditions, redresser le tir sur l'ensemble de l'année 2013, cela exigerait une nette accélération à partir de l'été. Mais alors, qu'est ce qui pourrait bien déclencher une reprise ? Le pari du gouvernement reposait sur une amélioration de l'environnement international : la reprise viendrait du commerce extérieur et il suffirait de se laisser porter par la vague. C'est très mal parti ! Les résultats de la Chine au 1er trimestre illustrent les ratés de la croissance mondiale. A 7,7% la croissance chinoise est en train de ralentir, et parmi les économistes, certains ne cachent plus leur crainte d'un atterrissage plus brutal que prévu. Même aux Etats-Unis, où la reprise semblait plutôt robuste, des signaux inquiétants sont apparus en avril sur le moral des ménages, le sentiment des promoteurs ou l'activité industrielle. En outre, difficile de croire à une reprise de la croissance tirée par les exportations. L'appareil productif français est trop affaibli, et les entreprises françaises ont du mal à répondre à la demande mondiale. Reste alors les moteurs internes. Evacuons tout de suite celui de la dépense publique, pour des raisons évidentes de rigueur budgétaire. Reste les ménages et les entreprises. Côté ménages, la consommation en biens baisse depuis le début de l'année et la chute sur un an frôle les 3% . Une consommation en berne, conséquence de revenus en baisse et d'inquiétudes en hausse, avec en toile de fond la montée inexorable du chômage pour plusieurs trimestres encore. On sait que pour dépenser plus, les ménages doivent avoir suffisamment confiance dans la hausse de leurs revenus futurs. Or jamais depuis 1973 l'écart entre l'opportunité de faire des achats importants et celle d'épargner n'a atteint un tel pic en France qu'en mars dernier . Quant aux entreprises, pour investir plus, il faut 1- qu'elles anticipent une hausse de leur activité, hausse que leur parc existant de machines serait incapable de produire. 2- qu'elles aient une profitabilité assez élevée ou la capacité d'emprunter pour financer l'achat des nouveaux équipements. Et ni l'une ni l'autre des conditions n'est actuellement remplie. C'est ce que montre la dégringolade du taux de marge des sociétés, à son plus bas niveau depuis 1986. Une conclusion : on ne voit vraiment pas d'où pourrait vernir un rebond de la croissance, même léger, au second semestre 2013. Notre conclusion est implacable. Dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale, d'une Europe plombée par les politiques d'austérité, d'une France qui s'administre une purge fiscale, peu de chance d'échapper à la récession. Pour notre part, nous prévoyons une baisse de 0,5% du PIB pour l'année 2013. Avec un second semestre qui s'annonce aussi difficile, et un redécollage qui sera lent, difficile d'entrevoir une franche reprise en 2014. On comprend alors que des voix s'élèvent en Europe pour demander un assouplissement d'urgence des politiques d'austérité.
Alexandre Mirlicourtois, Espoirs de reprise : les illusions perdues, une vidéo Xerfi Canal
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