France : la réindustrialisation face à la crise énergétique
Publié le lundi 28 novembre 2022 . 3 min. 31
Après la gestion de la crise de la COVID-19, les industriels français et européens sont confrontés à une nouvelle crise liée à l’énergie. Malgré les annonces récentes du gouvernement, la situation reste préoccupante pour l’industrie européenne.
Dans un premier temps, des mesures ont été prises pour préserver le pouvoir d’achats des Français. Or, le soutien à l’industrie est clé pour préserver :
- L’emploi industriel,
- La dynamique favorable à la réindustrialisation.
La situation actuelle pourrait conduire à une nouvelle vague de désindustrialisation en raison :
- D’une augmentation très forte des coûts liés à l’énergie,
- D’un retour à la normale qui ne se fera pas avant 2024, voire 2025 selon certains prévisionnistes.
Il est vrai que la situation a le mérite d’obliger chacun à chercher des leviers d’efficacité et à fournir un effort de sobriété, mais l’augmentation générale des coûts pourrait :
1. Entraîner vers la faillite de nombreuses industries et donc une destruction d’emplois industriels directs et indirects. Certes, le niveau des faillites n’a pas encore retrouvé le niveau de 2019, mais une accélération est observable sur le 3ème trimestre 2022,
2. Amener à des transferts temporaires de production vers des unités de production dans des pays où le coût de l’énergie est moins cher, au détriment de la question environnementale et donc d’augmenter fortement la part des émissions importées,
3. Mettre à l’arrêt temporairement des lignes de production comme l’ont annoncé récemment Duralex ou AGC,
4. Infléchir des décisions d’investissement en France au profit d’autres pays, freinant la relance industrielle du pays ou le choix de se détourner de l’Europe durablement comme l’a annoncé BASF.
La situation est d’autant plus critique alors que les entreprises ont une triple contrainte d’investissement :
1. Modernisation de l’outil de production,
2. Décarbonation des unités de production et plus largement réduction de l’impact environnemental des productions,
3. Intégration du numérique pour améliorer la maîtrise des paramètres de production, la prévision des ventes et bien d’autres sujets.
Ces investissements sont stratégiques pour les années à venir, or la crise par son impact sur les marges et la trésorerie des entreprises va réduire les capacités d’investissement, même si le retour sur investissement de certains projets s’améliore avec l’inflation des coûts de l’énergie. Dès lors, des leviers pour renforcer les fonds propres sont à trouver pour améliorer la capacité d’investissement.
1. L’Allemagne met en place des mesures massives, la France ne s’aligne pas pour le moment, mais des mesures chocs sont à prendre, en les conditionnant et en assumant de réallouer certaines enveloppes d’aides vers ces mesures de soutien temporaires,
2. Le renforcement des capacités de production d’électricité bas carbone, facteur d’attractivité et de compétitivité, est clé et urgent,
3. Le maintien d’investissement en faveur de l’efficacité énergétique et la mise en place de plans de sobriété sont à la fois des réponses de court terme, mais également des réponses de long terme à la crise climatique,
4. Le découplage du marché du gaz et de l’électricité est également clée.
Dans ce contexte un soutien à l’industrie est clé pour :
- Soutenir la dynamique de réindustrialisation,
- Préserver les emplois industriels,
- Garantir l’indépendance sur le temps long du pays.
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