La responsabilité des acteurs dans la désindustrialisation de la France
Publié le mardi 23 juillet 2019 . 3 min. 28
L’industrie peut être considérée comme un écosystème dans lequel interagissent de nombreux acteurs : les entreprises en premier lieu mais également les pouvoirs publics, les acteurs bancaires, les syndicats, les consommateurs, etc. Si des éléments macroéconomiques sont souvent avancés pour expliquer la désindustrialisation (coûts du travail, composition du tissu productif français, productivité, etc.), le rôle des acteurs est plus rarement étudié. Ainsi, au-delà des facteurs macroéconomiques, il est pertinent de comprendre le rôle des acteurs publics et privés dans la désindustrialisation.
Le rôle des acteurs publics
Premièrement, il est possible d’observer une évolution du discours politique à l’encontre de l’industrie. Elle est passée d’un rôle central en faveur de la préservation de la souveraineté de la Nation à un secteur jugé « ringard ». Cette évolution du discours s’est produite dans le contexte de la construction européenne et du développement d’accords de libre-échange à la fin des années 1980. Néanmoins, depuis la crise de 2008, la question industrielle revient dans les débats publics sans pour autant qu’émerge une vision claire du rôle de l’industrie.
Si l’État a joué un rôle dans la désindustrialisation, l’Union européenne a également participé à ce phénomène en favorisant le dumping social et fiscal. Néanmoins, il ne faut pas voir la Commission européenne comme la responsable de tous les maux de l’industrie française. Elle a également participé à la préservation de certaines activités industrielles européennes comme l’industrie du cycle. De plus, la non mise en œuvre de certaines politiques favorables aux industries nationales (réciprocité dans l’accès aux marchés publics, contrôle des investissements étrangers, etc.) est liée à des blocages des États membres. Par ailleurs, les collectivités territoriales n’ont pas toujours les moyens de penser des politiques ambitieuses au service de leurs industries.
Erreurs des entreprises et frilosité des banques
Les entreprises ont, quant à elles, joué un rôle dans leurs propres défaillances. D’une part, certaines ne se sont pas senties solidaires de leur territoire d’origine et ont délocalisé. D’autre part, il existe de nombreuses erreurs de gestion et parfois un manque de vision stratégique qui ont participé à la fermeture de nombreuses usines. Autre problème majeur, les entreprises françaises ont investi mais pas suffisamment dans l’outil productif et dans l’innovation. Le sous-investissement a conduit à une faible adaptation de l’outil productif à l’évolution de la demande. En outre, l’innovation technologique ou non technologique est un facteur de différenciation. La France peine à traduire ses innovations en produit répondant aux attentes. Cette situation est certainement liée aux faibles échanges entre entreprises et universités.
Par ailleurs, les banques et les investisseurs sont frileux et n’irriguent pas assez l’économie réelle. Les entreprises ont besoin d’un important soutien financier, notamment en période de développement ou de crise, qu’elles peinent, parfois, à trouver. Cette affirmation est particulièrement vraie pour les PME/PMI.
Ainsi, pour penser la réindustrialisation et une politique industrielle ambitieuse, il est nécessaire de comprendre le rôle des différents acteurs dans la désindustrialisation. Une certitude perdure, malgré des errements, l’industrie a encore sa place dans la France du 21ème siècle !
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