Un phénomène nouveau est en train de toucher plusieurs grandes économies industrialisées : elles consomment de moins en moins d’électricité. L’économiste américain Justin Fox le fait remarquer pour les Etats-Unis, en signalant que c’est également vrai pour le Royaume-Uni ou l’Australie. Et en France ? On y retrouve le même phénomène.
Un regard sur la consommation d’électricité française en longue période montre clairement une stagnation depuis 2008. La France a connu d’autres périodes de crise, de croissance ralentie ou de dépression. Mais, depuis les années 1970, cela n’avait, jamais, empêché la consommation de continuer à croître régulièrement. Il faut donc aller au-delà d’un simple effet de la crise récente.
De fait, lorsque l’on ramène cette consommation d’électricité au PIB en volume, on note un phénomène étonnant : depuis le milieu des années 1990, il existe, en France, un découplage de plus en plus important entre l’activité économique et l’électricité utilisée.
On peut évoquer plusieurs pistes possibles pour expliquer les raisons d’un tel découplage, porteuses de plus ou moins bonne nouvelles.
Côté positif, nos économies connaissent un amélioration de leur effacité énergétique. Même s’il reste encore du travail, les bâtiments résidentiels et tertiaires, gros consommateurs d’électricité, ont fait des progrès. De manière générale, on note bien une baisse de l’intensité énergétique du PIB au niveau mondial, toutes sources d’énergies confondues. Mais celle-ci a démarré dès les années 1970 et la tendance à plus d’efficacité stagne plutôt ces dernières années, ce qui ne correspond pas au profil fançais.
Un regard sur les évolutions sectorielles ouvre une autre piste d’explication. Les services ont pris une place de plus en plus importante et leur intensité énergétique est en gros six fois moins élevée que celle de l’industrie.
Mais, on note également une diminution absolue et pas uniquement relative de la consommation industrielle. Dans ce cas, le découplage consommation/activité économique ne serait pas seulement le signe de gains d’efficacité énergétique ou de transformations sectorielles mais aussi celui d’une désindustrialisation importante depuis le début des années 2000. Et dans ce cas, c’est plutôt une mauvaise nouvelle.
Que peut-on anticiper pour l’avenir ? Selon Nicolas Berghmans de l’Iddri, les stratégies publiques de rénovation thermique des bâtiments joueront un rôle important. Bien plus fort, en tout cas, que le développement du parc de voitures électriques : selon les estimations d’EDF, deux millions de voitures ne représenteraient qu’un peu plus de 1 % de la consommation électrique actuelle. Un véhicule individuel consomme environ la même quantité d’électricité qu’un chauffe-eau.
La baisse de la consommation d’électricité comporte bien entendu des enjeux économiques et écologiques d’importance. Pour ne pas l’avoir anticipé, les grands producteurs d’électricité comme EDF ont surinvesti dans les capacités de production et fait chuter les prix sur le marché de gros ce qui a plombé leurs comptes. La fermeture de centrales est inscrite dans cette baisse de la demande et EDF ferait bien de de s’y adapter.
Christian Chavagneux, Le besoin d'électricité baisse : causes et conséquences, une vidéo Xerfi Canal.
Publié le mercredi 12 juillet 2017 . 3 min. 14
Les dernières vidéos
Energie, Environnement


Les dernières vidéos
de Christian Chavagneux



LES + RÉCENTES


LES INCONTOURNABLES
